• Biographie :
Ascendance sociale :
Avant même de comprendre le mot ‘avenir’ et toute son importance, Patrick Trencavel savait déjà que le sien serait reluisant. Sa famille possédait bon nombre de vignes qui, au cours de l’histoire, avaient marqués la culture française jusqu’à s’étendre au niveau international. Le monde entier buvait le cru des Trencavel avant même que Patrick ne pointe le bout de son nez.
Les choses étaient sensiblement différentes pour Emily Laverty. Sa mère, Eleanor, était une Irlandaise que l’amour avait abandonnée, une femme chargée de rancœur qui voulait prouver au monde entier qu’elle n’avait pas été que la femme d’un acteur de renom. La range au ventre, elle lança sa propre collection de bijou. Jamais elle ne s’était permise d’imaginer un tel succès. Ses diamants devinrent les favoris des célébrités du globe, la pièce maîtresse des bijoutier et le cadeau que toutes les femmes rêvaient de recevoir à la Saint-Valentin.
La pression était donc différente dans chacune des familles. Chez les Trencavel, on se souciait peu de la renommée de Patrick puisque son nom seul suffisait à lui attirer respect et amis. L’important était qu’il devienne un homme sérieux, un businessman apte à gérer les énormes possessions de la famille. Eleanor Laverty n’avait que faire du QI de sa fille. Il était on ne peut plus important que son sens artistique soit aiguisé, de même que son image publique qui devait être irréprochable.
Il en fut ainsi. Lorsqu’à l’âge de vingt ans, ils firent connaissances dans un quelconque gala français, Emily était une perle au dialogue facile et aux idées jeunes qui contrastait avec Patrick, plus sévère et effacé. C’est pourquoi lorsque l’on annonça leurs fiançailles, tout le monde clama l’union arrangée ; personne n’était prêt à laisser une chance à ce couple qui, bien qu’horriblement différent, avait manifestement été frappé par le coup de foudre entre les coupes de champagnes du gala.
Les nouveaux mariés s’installèrent donc dans l’immense demeure qui avait jusque là abriter les Trencavel. Un lieu d’inspiration pour Emily, de travail pour Patrick et l’endroit idéal pour élever la beauté blonde qui naquit de leur union, Delia Rose Trencavel.
Anecdote(s) de l'enfance/adolescence :
Delia poussa un profond soupir que les paroles du tuteur camouflèrent. Confortablement installée sur deux des quatre pattes de la chaise du bureau paternel, elle se balançait avec toute la classe de ses 10 ans depuis la dernière heure et demi. Ambitieuse, elle s’était mit en tête de compter chacun des motifs du superbe plafond de la demeure de Trencavel et son attention était toute portée vers celui-ci. Un énorme chewing-gum emplissait sa bouche étroite qui, de temps à autre, soufflait une bulle rose écarlate.
« Mademoiselle Trencavel ! » Le tuteur, livre en main, venait de lever les yeux et l’attitude des moins blasée de son élève l’avait forcé à hausser le ton. « Pouvez-vous seulement me répéter ce que je viens de dire ? »
Lentement, Delia laissa sa chaise retrouver son appui original, à savoir sur quatre pattes, et posa un regard des plus ennuyé sur le vieil homme. La bulle rose qui cachait sa bouche éclata et la bouche de la petite reprit possession du caoutchouc en entier, qu’elle se remit à mâcher frénétiquement. Puisque évidemment, elle était à court de réponse, la petite Delia Trencavel se contenta d’afficher son plus beau sourire. Face à une créature adorable dans sa robe de satin blanc, ces cheveux blond coiffés en un chignon parfait et son sourire étincelant, le tuteur se contenta d’un énorme soupir et replongea les yeux dans le livre dont il recommença la lecture. Delia, elle, se remit dans sa position favorite et reprit son méticuleux décompte.
Cette plénitude habituelle aux lundi, mardi et jeudi soir fut interrompue par l’arrivée de la génitrice de Delia, superbe dans son tailleur crème. Dès que le premier résonnement d’escarpin de marque se fit entendre, la petite Delia se laissa tomber sur les quatre pattes de sa chaise, camoufla son chewing-gum sous la langue et fixa son tuteur d’un air incroyablement sérieux. Malgré sa rapidité, on ne berne pas si facilement Emily Laverty.
« Delia Trencavel, j’apprécierais que tu prennes un peu plus à cœur les cours privés que nous t’offrons. Ça coûte une fortune. »
En une fraction de seconde, Delia avait revêtu l’attitude qu’on s’attendait à ce qu’elle adopte ; droite et fière sur sa chaise, elle fixait sa mère d’un œil sérieux, le menton légèrement relevé comme un subtil signe de défi.
- Je vais déjà à l’école, maman… Pourquoi ça, en plus ?
- Pour t’assurer les meilleures notes possibles. Ton destin est important, chérie.
C’est sur ces mots forts persuasifs qu’Emily tourna les talons, laissant de nouveau Delia et son tuteur seul. Comme si la mère de la petite n’était jamais entrée, l’homme reprit sa lecture. Comme la sa mère n’était jamais entrée, Delia se hissa de nouveau sur deux pattes et extirpa de sa bouche une énorme bulle rose.
* * *
La porte fut fermée, et dès lors les jeunes redevinrent ce qu’ils étaient ; des adolescents. Les cravates de ces jeunes hommes furent desserrées par la main experte de Delia et les adolescentes passèrent une main blasée dans leur coiffure que tenait en place trop de fixatif. Comme à leur habitude, ils s’étaient réunis dans la chambre de l’un d’eux. La suite, plutôt. Comme à leur habitude, ils avaient laissés leurs parents parler entre eux et s’étaient éclipsés en envoyant quelques gracieux sourires ici et là. On est de bonne famille ou on ne l’est pas.
Dan –ou le propriétaire de la dite chambre- ouvrit une penderie d’où il sortie une boîte de fins cigares et une bouteille de rhum. Pas la peine de verrouiller la porte. Personne ne viendrait déranger les gentils jeunes qui discutaient probablement futur et politique autour d’un verre de punch, voyons…
Les garçons s’installèrent négligemment sur des chaises qu’ils placèrent en cercle autour d’une table basse. Une des jeunes filles s’installa au sol, l’autre sur les genoux de son petit-ami qui s’empressa de lui empoigner la cuisse. Delia se hissa sur une commode, sa jupe légèrement trop bouffante entourant ses cuisses telle une auréole. Le boîtier de cigare passa entre chaque main et il fut servi un verre à chaque personne. Dans le plus profond des silences.
Personne ne savait pourquoi, mais il y avait quelque chose de profondément grave dans cette réunion. Peut-être était-ce du aux parents qui, un étage plus bas, criaient à tout ceux qui voulaient l’entendre l’école que fréquenterait leur enfant l’année prochaine. Des écoles toutes dangereusement séparées.
- Tu vas où, toi ?, demanda Dan à son voisin.
- Faculté de droit, quelque part en Angleterre, répliqua ce dernier en endossant un air indifférent qui sonnait faut. Il y avait dans sa voix une fierté qu’il ne pouvait se résoudre à dévoiler. Après tout, tous les jeunes de son âge ne fréquenteraient pas la meilleure école du Royaune-Uni. Toi ?
- Sorbonne.
Il y eu une vague marque d’appréciation parmi les adolescents, puis la question fut posée à quelqu’un d’autre. Ils firent ainsi le tour des 7 personnes réunies dans cette chambre richement décorée, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une. Celle qui selon leur estimation avait le plus de potentiel et les plus grandes chances de le gâcher.
« Et toi Dee, tu vas où ? », la questionna finalement l’un des garçons alors qu’ils braquaient tous leur regard vers elle. Superbe dans sa robe de crinoline et dentelle crème, Delia n’avait jusqu’à maintenant pas prit part à la conversation. Elle se contentait depuis son entrée de fixer son verre, un fin cigare aux lèvres. Elle n’eu pourtant d’autre choix que de lever les yeux quand 14 yeux la brûlèrent de leur curiosité.
« ISP… », grommela-t-elle en haussant les épaules avec désinvolte. 14 sourcils de haussèrent du même coup.
« Tu rentres à l’ISP ? »
« T’as été prise d’une crise soudaine ? »
« Y paraît que les mecs sont canons… »
« Depuis quand t’as décidé de faire quelque chose avec ta tête ? »
« C’est ta décision ou celle de tes vieux ? »
« ISP, c’est aux Pays-Bas. À Amsterdam. Amsterdam, c’est le synonyme de fêtes 24heures sur 24. La drogue est bien légale là-bas, non ? »
Anecdote(s) à l'ISP :
Avant même que la porte de la chambre ne soit refermée, Delia s’était laissée tomber sur la couette douillette de son lit. La journée avait eu raison d’elle ; elle était épuisée. Les préparatifs de Noël battaient bon train et l’étudiante –qui avait déjà vécu pareille expérience l’année passée- ne supportaient que très difficilement les jacassements d’adolescentes pré pubères qui animaient les couloirs.
La main sur les yeux, Delia fouilla l’intérieur de son sac pour en extraire son meilleur ami de toujours, son portable. Sans même jeter un œil à sa main, elle sélectionna le premier numéro de son annuaire et colla le cellulaire à son oreille. Elle ne sourit que lorsqu’une voix grave aux accents anglais décrocha, à quelques centaines de kilomètres de là.
« La plus belle ! », s’exclama un jeune homme dans un français que l’on savait encore un tantinet hésitant. De tous les amis qu’elle avait eu lors de son adolescence, seul Daniel Harry pouvait se vanter d’avoir gardé contact avec elle. Amis depuis un voyage de Delia en Angleterre, ils s’étaient régulièrement vus jusqu’à son déménagement pour Amsterdam. Maintenant qu’ils étaient séparés –elle à l’ISP, lui à la Sorbonne-, ils profitaient de leurs quelques moments de liberté pour se plaindre par l’intermédiaire du téléphone, et ce à toutes heures du jour et de la nuit.
- Hey, répondit Delia du ton le plus enjoué que lui permettait d’adopter sa bouche épuisée.
- Tu me sembles parfaitement en forme toi, isn’t true ?
- L’université est une chose horrible. Et toi, comment ça se passe ?
- J’avais oublié à quel point les Français étaient chiants.
- Je te remercie.
- C’est un plaisir, sweet heart.
Delia esquissa l’ombre d’un sourire en retirant la main qui cachait ses yeux. C’était ce genre de conversation dont elle avait désespérément besoin.
- Si tu me racontais ce qui fait de ton université le pire lieu au monde.
- Il y a…
- Parce qu’il faut quand même souligner qu’en plus de son incroyable réputation, tu es à Amsterdam, ville suprême de la joie de vivre.
- Oui mais…
- Et qu’en plus de pouvoir t’éclater en toute légalité, tu t’assures une incredible réputation, un entourage huppé à souhait et une foule de mecs presque aussi canons que moi.
Delia éclata de rire, bientôt rejointe par son interlocuteur. La fatigue des derniers jours avait disparue en ne laissant aucune trace sur le superbe visage de l’héritière des Trencavel.
- C’est le bal de Noël…
- Ah, le fameux bal de Noël. Des jeunes femmes excitées comme des puces, le besoin irrémédiable d’impressionner tout le monde en dénichant non seulement la plus belle robe, mais également le meilleur cavalier.
- En quelque sorte.
- Et tu crèves de me demander le numéro du designer qui t’as fait la robe de l’an passé ?
Les lèvres de la jeune femme se couvrirent d’un sourire coupable que Dan n’eu pas la chance de voir, mais qu’il devina au silence qui s’en suivit. De son côté, il tentait de conserver un ton parfaitement sérieux alors qu’il refoulait avec mal un éclat de rire.
- En quelque sorte…
Cinq années :