Crazy in Amsterdam
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 It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]

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Aaron Langley
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MessageSujet: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeMer 16 Jan - 21:05

Quoi de mieux qu’un dimanche matin ensoleillé pour puiser l’inspiration ? A peine avait-il posé un pied au sol qu’Aaron s’était mis en tête l’idée d’aller faire un tour en ville. Bien que réfléchi, il était aussi extrêmement impulsif et préférait se laisser guider par ses envies et instincts du moment, craignant que son imagination fertile et spontanée ne s’échappe aussi vite qu’elle était arrivée. En quittant son Angleterre natale, le jeune homme ne s’était pas imaginé vivre une telle vie, même s’il était conscient de l’énorme décalage entre certains élèves et lui. Plutôt timide et réservé, en l’espace d’un an il s’était d’avantage ouvert aux autres avec une facilité déconcertante, ses parents eux-mêmes ne le reconnaîtraient probablement pas. Malgré tout, il gardait une parcelle d’innocence et de douceur qu’il lui était propre, derrière un jeune homme en devenir, avenant et sociable.

Contrairement aux jours précédents, l’étudiant se leva du bon pied… Précisons tout de même qu’il n’était pas du matin et qu’il était encore moins dans sa nature de se lever délibérément aussi tôt en plein week-end. Après un rapide coup d’œil en direction de son portable – qui affichait 08h03 A.M – il se mit debout, plein d’entrain et une multitude d’idées fleurissantes à l’esprit. Afin de ne pas réveiller son colocataire et accessoirement meilleur ami, Aaron s’engouffra silencieusement dans la salle de bain afin d’y prendre une douche bien chaude en vue de l’endroit dans lequel il comptait se rendre. Il y avait des jours, comme ceux-là, où tout vous semblait dérisoire, même les problèmes les plus insistants et douloureux. Il était rare de le voir si actif et empressé, comme pressé par le temps ou contraint d’effectuer une chose de la plus haute importance.

Pas plus de trente minutes plus tard, on pouvait déjà percevoir la grande silhouette élancée du jeune Langley s’élever du côté de Amstel River. Un endroit peu anodin parce qu’unique. Dès son arrivée à Amsterdam, il avait su que ce lieu serait le sien et uniquement le sien, une perle rare devenue source d’inspiration, une véritable muse à elle toute seule. Des images obstruaient agréablement son esprit à chaque pas effectués au bord des canaux, la vue de cette nature verdoyante et enneigée en hiver ne laissait pas indifférent le jeune artiste qui sommeillait en lui. Puis, au fil des mois, il avait fait de ce lieu son atelier personnel… bien que ses œuvres n’y figuraient pas, leurs âmes – quant à elles – y demeuraient fixes. Le dessin avait une place primordiale dans sa vie, autant que Zachary – son ami d’enfance – sans la possibilité de laisser libre cours à son imagination, il ne serait sans doute pas l’homme accompli qu’il était aujourd’hui. Sans doute ceci serait difficile à comprendre aux yeux de certains, mais pour lui c’était parfaitement clair. A la manière d’un journal intime, il retranscrivait dans ses tableaux sa propre vie, ses émotions actuelles, ses coups de gueule, ce qu’il n’osait pas dire et clamer à voix haute. Sa moitié, une part de lui-même que personne n’était en mesure – à ce jour – de lui ôter.

Néanmoins, cette partie de la ville n’appartenait pas seulement au grand dadais qu’il était. A défaut d’avoir cru qu’il ne serait jamais capable de partager ce lieu inspirant et paradisiaque, son petit secret s’était vu changer de main, perdant ainsi la tutelle des clefs de cette seconde résidence singulière. C’était ici même qu’il avait fait – de façon impromptue – la rencontre de cette naïade qui bouleversa sa vie et fit chavirer son cœur à la manière d’un torrent emportant avec force sur son passage un navire en difficulté. Alors que ses pas feutrés le conduisaient à une destination non identifiée ni même décidée, il interrompit sa marche si brusquement que certains regards surpris se posèrent sur lui, se demandant sans doute quelle mouche avait bien pu le piquer pour s’arrêter si subitement. Pivotant de quelques degrés, ses iris chocolatés se posèrent inévitablement sur un banc qui ne payait pas de mine au premier abord mais qui possédait toute une histoire qu’il serait bien trop douloureux de la conter. Avec une certaine appréhension et hésitation, le jeune homme s’approcha de l’objet sacré et précieux avant de se poser dessus avec une lenteur et douceur rare. Sur le dossier, deux initiales sculptées étaient à jamais gravées dans le bois, dont un certain ‘A’ figurait. Se passant une main sur le visage, il tourna le dos à ce souvenir tout sauf indolore à ses yeux et notoirement lancinant en vue de l’expression que prit son visage.

A ses côtés se trouvait une grande pochette d’un vert cassé, qu’il ouvrit avant d’en sortir une simple feuille blanche, semée et mêlée à un palmarès de dessins en tout genre. Après s’être muni d’un crayon à papier qui ne quittait jamais son sac, Aaron entreprit de débuter une ébauche de croquis… qui au fil des minutes prenait doucement mais sûrement la forme d’un portrait. Il était aisé de comprendre qu’il s’agissait d’une femme, apparemment aux cheveux courts mais étrangement épais, mais le plus étonnant dans tout cela et le plus captivant – probablement – ce fût l’intensité avec laquelle était représentée son regard. Alors qu’il finalisait quelques détails et renforcait des traits au niveau des lèvres plus ou moins charnues, il marqua une pause, le temps d’observer son propre travail. L’esquisse, bien que péniblement reproduite, semblait avoir été tracé avec volonté, détermination et obstination. Obstination car l’artiste donnait l’impression d’avoir voulu donner le plus de détails possibles pour que la représentation soit d’avantage réelle, proche d’une photographie, mais c’était sans doute là le but de beaucoup. Mordillant le bout de son crayon, Aaron soupira tristement face à la représentation d’une Sky muette et immobile qui s’offrait à ses yeux troublés. Aucun sourire n’était perceptible sur l’image, son regard pénétrant et noir semblait le fixer d’une façon si assassine qu’il aurait été capable de sonder et transpercer son âme, en un instant. C’est alors qu’une bourrasque de vent l’obligea à redescendre sur terre car la feuille en question venait tout juste de lui échapper. Emportée par le souffle du vent, celle-ci exerça quelques formes confuses et sèches avant de venir s’échouer instantanément aux pieds d’une personne.


« Shit ! »
S’écria alors Aaron dans un anglais parfait.

Se remettant debout d’un bond, il leva la tête afin de chercher l’endroit où l’objet à conviction s’était égaré. Un regard lancé à des chaussures, qu’il ne reconnut pas aussitôt, un autre en direction de la feuille et enfin un dernier échangé avec la Canadienne qui se trouvait à présent à deux mètres de lui. Surpris, apeuré voire choqué, il lâcha sans le vouloir son crayon à papier comme tremblant à l’idée que son dessin avait pris vie pour prendre la forme de son ancienne copine.
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Sky Richardson
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeJeu 17 Jan - 21:05

[FLASH BACK]


« Dis moi, tu devrais pas être en cours ? » Sky croisa les bras et, d’un air inquisiteur, planta ses yeux chocolatés dans ceux de June, sa meilleure amie. Elle la considérait tellement comme sa sœur qu’elle finissait par avoir tendance à prendre un peu trop à cœur son rôle d’aînée.

« Depuis quand tu donnes des leçons de moral ! »

« Depuis une minute trente maintenant » rétorqua-t-elle ironiquement en jetant un furtif coup d’œil à sa montre.

« Oh ça va, je sèche pour la bonne cause »

Sky arqua un sourcil, perplexe.

« Je voulais absolument te parler du bal de Noël. Je me suis dit que tu aurais peut-être besoin de … » June laissa sa phrase en suspend, le regard hésitant.

« De ? » reprit alors Sky en fronçant les sourcils.

« Enfin tu sais… de réconfort »

« June, j’ai passé une excellente soirée. J’ai peint toute la nuit et je suis même très fière du résultat »

« Quoi ? Alors tu … Tu y es pas allée ? »

« Non, je préférais rester seule plutôt qu’y aller mal accompagnée » conclut-elle finalement en haussant les épaules. Plusieurs spécimens l’avaient invité mais elle avait gentiment - tout est relatif - refusé. Son regard se fit plus curieux et dévisagea June. « Ouh toi » Elle plissa légèrement les yeux. « Tu me caches quelque chose »

« Non »

« June, crache le morceau »

« Oh, non mais… je pensais que tu étais au courant »

« Au courant de quoi ? » Elle soupira. « Tu es enceinte ? Tu as gagné au loto ? Tu as … »

« C’est Aaron »

Sky se lançait souvent dans de longues énumérations d’histoires invraisemblables - elle adorait ça - mais la réplique de June venait de l’achever. Elle ne lui avait pas seulement coupé la parole - à la limite, ça, elle s’en fichait - non, elle venait de la faire sombrer dans un mutisme absolu. Des tas de souvenirs se bousculaient dans sa tête. Des tas d’émotions agitaient son cœur.

« Il … » June passa une main dans ses cheveux, extrêmement gênée. « Il a passé la nuit avec … »

« C’est bon » fit Sky en secouant légèrement sa main droite. « Je veux pas en entendre plus » Elle baissa les yeux, attrapa son carton à dessin et referma son casier férocement.

« Sky »

« T’inquiète pas »

« Mais attends, ce ne sont que des rumeurs, c’est peut-être pas .. »

« June » fit-elle en lui coupant à son tour la parole. « Laisse tomber. Ça ira, t’en fais pas pour moi »

[FIN DU FLASH BACK]


‘Ça ira’. Tu parles, que des conneries. Allongée sur son lit, Sky ne parvenait pas à trouver le sommeil. Morphée l’avait tout bonnement oublié. Elle jeta un rapide coup d’œil à son radio-réveil - qui affichait désormais 8h30 du matin - et décida de mettre fin à ce coup de déprime. Depuis quand se laissait-elle abattre pour si peu ? Si peu. Non, bon ok. Reprenons. Depuis quand se laissait-elle abattre par ses sentiments ? Elle avait fait le choix de privilégier sa liberté et surtout, d’éradiquer l’amour de sa vie, brisant chaque flèche que Cupidon oserait décocher. Certes, elle en avait raté une, certes elle était tombée follement amoureuse de ce fichu brun, mais c’était de l’histoire ancienne. Fini, c’était fini. Elle l’avait quitté. Alors oui, elle devait assumer et tourner la page.

Première étape ? Une douche bien froide. Rien de mieux pour stimuler ses neurones et empêcher son cœur de se lamenter. Elle enfila sa veste noir et referma délicatement la porte : June, elle, avait reçu la visite du marchand de sable. Enroulant rapidement son écharpe autour du cou, elle savait pertinemment qu’elle aurait froid mais c’était volontaire. Sentir la fraîcheur matinale d’Amsterdam était devenu vital. Cela lui rappelait son long périple en Amérique car Dieu sait qu’elle avait eu affaire à des vents glacials. Mais depuis toujours, Sky apprivoisait le climat et ses caprices. Seul le soleil lui posait problème : une peau aussi blanche que la sienne prenait rapidement des coups de chaud. Pour le reste, elle était entièrement résistante. Elle vénérait d’ailleurs la neige comme personne.

Longeant les rives endormies d’Amsterdam, Sky repensait à son enfance, ou plutôt aux paysages de son enfance. Enneigés, avec des sapins partout, et puis rythmés par les hurlements des loups. Le Canada lui manquait terriblement car même si la ville de l’ISP pouvait être des plus plaisantes, elle n’y avait aucune attache. Enfin, elle n’en avait plus. Et rebelote. Bon sang, à chaque fois qu’elle essayait de s’évader, de penser à quelque chose de gaie, elle en revenait toujours à Aaron. Aaron Langley où l’homme qui fit basculer son cœur. Avant, il était son port d’attache. Elle pouvait y séjourner quelques temps et reprendre la mer quand bon lui semblait. Mais peu à peu, il était devenu trop possessif. En soi, ce défaut n’avait jamais dérangé Sky - quoi de plus gratifiant au contraire ? - sauf que là, il lui avait fait peur. Elle y avait vu une forme détournée de prison. Telle une biche effarouchée, elle avait d’abord fui et puis, dans la précipitation, elle avait préféré rompre. Une feuille se mit alors à chatouiller ses bottines. Elle s’en empara et entreprit de la rendre à son propriétaire. Et là, ce fut le drame.


« Aaron » Ne sachant que dire, elle se réfugia dans le morceau de papier qu’elle tenait dans ses mains glacées. Mon dieu. C'était pire encore ! Elle ouvrit légèrement la bouche, surprise de se voir, surprise de se reconnaître. « C’est… » Elle hésita un instant, cherchant ses mots. « Enfin… tu n’as pas perdu la main » A défaut de passer pour la plus grande narcissique du monde, elle trouvait son esquisse sublime, non pas parce qu’elle y était représentée mais parce qu’on pouvait encore voir les traits de crayon d’Aaron. Il s’était par exemple beaucoup attardé sur son regard et sur sa bouche. « Quoique, je trouve mon nez un peu trop gros » fit-elle en relevant la tête timidement. Elle avait tenté une petite boutade mais visiblement, il n’avait pas la tête à rire.

« Attends » Elle s’empara de son bras devinant ce qui lui trottait en tête : une envie de partir, de partir le plus loin possible. « Bon sang, ça suffit » lança-t-elle en plantant son regard noir dans celui d’Aaron. « J’en ai marre de cette situation. Parle ! Dis-moi ce que tu as sur le cœur qu’on règle ça une bonne fois pour toute » D’habitude elle le fuyait mais, avec le temps, elle avait compris que ce n’était pas une solution. Et puis, elle voulait savoir. Savoir qui était cette fille, savoir s’il l’avait vraiment aimé. Elle voulait comprendre. Comprendre pourquoi il la dessinait, comprendre pourquoi il s’était assis sur ce banc là, sur leur banc.
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Aaron Langley
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeVen 18 Jan - 0:49

Pétrifié, Aaron demeurait immobile depuis l’instant où son regard avait croisé celui de sa douce – néanmoins ancienne – dulcinée. Semblant se liquéfier sur place, il perdait peu à peu chacun de ses moyens et capacités vitales, comme happé vers le sol par une force surnaturelle contre laquelle il n’avait aucune chance. Tout ceci était bien trop irréaliste pour être vrai. Depuis quand avait-il la faculté de rendre ses désirs les plus chers réels ? Car il fallait bien l’admettre, ce serait mentir de sa part de nier les faits… Il l’avait dessiné car son cœur lui avait dicté de le faire. Sky n’était pas sans savoir que les portraits qu’il avait l’occasion d’esquisser ne représentaient pas de banals clichés dessinés à la va vite. La palette de talents du jeune homme était assez impressionnante de part sa diversité. Depuis tout jeune, il avait appris à toucher à tout et désormais la peinture lui plaisait tout autant que le touché d’un fusain. Cependant, il était rare – chez lui – de prendre le temps d’entreprendre la réalisation de quelques portraits car ceux-ci avaient une signification bien particulière. Il fallait l’atteindre et retenir son attention pour qu’il daigne représenter quelqu’un, autant dire que la personne en question avait toute son importance dans sa vie. Il s’agissait généralement de proches, d’amis ou bien des fragrances écorchées de son cœur. Toutes celles qui, à ses yeux, ne le voyaient plus que comme un laissé-pour-compte.

Absence d’existence. Le néant. Le vide. Le trou noir. L’espace de plusieurs millièmes de secondes, le jeune Anglais sombra dans une profonde léthargie comateuse. Déconnecté et coupé de la réalité, il semblait absent, sourd à toutes paroles, inattentif et passif. Celle qu’il avait cherché à fuir par tous les moyens se trouvait désormais devant lui, à seulement quelques centimètres, si près et loin à la fois. Proche physiquement car leurs deux corps se faisaient face. Malgré tout, un fossé invisible les séparait, une séparation radicale et infranchissable qu’elle s’était elle-même attelée à creuser entre eux. Et pourtant, il pouvait aisément percevoir les battements accélérés de son petit cœur affolé qui suffisaient à embaumer tout son être d’une épaisse couche de soie qui – en temps normal – était agréable au touché mais qui – dans le cas présent – parvenait seulement à dépecer chaque fragment de sa peau mate à la manière de ronces faussement caressantes que l’on s’acharnerait à faire glisser sur ses téguments.

Arriva le moment où il fût contraint de retrouver un semblant de contenance. Contraint car, désormais, elle possédait entre ses mains le fruit, le résultat, les restes de son amour pour elle. Il n’était peut-être plus grandissant mais il était bien réel, lui. Plus que les désillusions qui avaient maintes fois encombré son esprit déjà si terrassé. Telle une bête que l’on croirait assassine mais qui – en réalité – était sans défense, Aaron demeura silencieux, comme muselé et abattu. A l’image d’un animal blessé et couché au sol, ses yeux implorants la fixaient avec intensité sans que sa bouche n’effectue un seul mouvement. Elle s’adressait à lui d’une façon si simple et légère qu’il se demanda – un court instant – si elle ne se moquait pas de lui.

Impassible, c’était là l’image qu’il donnait de lui. Statique et stoïque, le grand brun l’écouta attentivement lorsqu’elle entreprit de se mettre en colère, ou du moins de hausser le ton. Elle voulait donc mettre au clair certaines choses ? Elle souhaitait réellement qu’il s’exprime à cœur ouvert ? Etait-elle si aveugle pour ne pas comprendre sa gêne et sa tristesse ? Etait-elle si… égoïste ? Il lui avait offert son cœur en guise d’offrande pour lui prouver son amour et jugeant cela peu suffisant, il était même allé jusqu’à lui décerner son âme tel un trophée de grande valeur. C’était à corps perdu qu’il s’était jeté dans cette relation houleuse, lui donnant jusqu’à son dernier souffle si cela pouvait la contenter. Et qu’obtenait-il en échange ? Rien. Strictement rien. Laissant un silence pesant s’emparer de la situation, il se décida – néanmoins – à prendre enfin la parole suite à de longues secondes interminables. Sa fine main enfermait toujours son avant-bras contre sa paume et même si ses yeux s’étaient discrètement tourné vers celle-ci, ils remontèrent bien vite le corps de son interlocutrice pour se planter dans l’abysse de son regard.


« Tu manques pas d’air… Tu sais ? » Souffla t’il d’une voix étrangement calme alors qu’un sourire – presque mauvais – se dessinait au coin de ses lèvres.

Pinçant ses lèvres en une mimique sérieuse et crispée qui rendait l’expression de son visage beaucoup moins joviale, Aaron poussa un profond soupir d’exaspération avant de repousser sa main d’un geste brusque dans lequel la douceur – en plus d’être prohibée – n’était nullement de mise. Ses yeux foncés avaient pris une teinte beaucoup plus sombre, avoisinant un chocolat – autrefois au lait – devenu noir.


« Tu veux savoir ce que j’ai sur le cœur ? Depuis quand cela t’intéresse, hein ? » Pourtant mystérieusement détendu jusqu’à présent, le ton de sa voix avait triplé de volume sans que personne ne s’y attende. Comme ces quelques oiseaux, perchés sur la cime d’un Chêne, qui venaient de prendre brusquement leur envol. « Tu oses exiger quelque chose de ma part alors que tu n’as même pas été foutue de m’expliquer clairement pour quelle raison tu m’as quitté. C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! » Aaron avait un tempérament calme, c’était un jeune homme réfléchi qui songeait à deux fois avant de s’énerver. Mais pour l’heure, il avait perdu toute forme de patience. Elle se foutait de sa gueule ! Ni plus ni moins. « Je suis désolé de te l’apprendre mais mon cœur est temporairement indisponible. Il m’est impossible de répondre à ta question pour la simple et bonne raison que tout ce qu’il en reste, ce sont des lambeaux que TU t’es acharnée à scinder morceau par morceau. » Se passant une main sur son visage, où une colère certaine pouvait se lire, il remua machinalement la tête de droite à gauche, croyant rêver ou plutôt cauchemarder. « Tu veux que je te dise ? » Renchérit-il avec amertume. Sans réellement attendre sa réponse, il s’empara du dessin qu’elle tenait toujours et le déchira sans ménagement, réduisant ainsi en cendre le portrait qu’il avait fait d’elle. Les bribes de feuille, désormais divisées, s’envolèrent au gré du vent dès l’instant où il les jeta avec rage. « C’est réglé. Satisfaite ? » Elle qui voulait qu’ils règlent les choses une bonne fois pour toute, elle était servie…
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeVen 18 Jan - 12:13

Leur silence électrique laissait présager le pire. Sky avait braqué ses yeux colériques sur lui comme s’il était en train de commettre un crime. Un ‘hold-up’, voilà de quoi elle l’accusait. En volant son cœur, il avait anéanti sa vie car même si elle tentait désespérément de se convaincre que vivre et évoluer sans ce foutu organe vital était on ne peut plus faisable, cela ne suffisait pas à masquer la vérité. Le haut lieu des passions lui était tout simplement vital. Elle en avait besoin : pour sentir, pour créer, pour aimer de nouveau. Aaron n’était cependant pas décidé à le lui rendre. Avait-il seulement conscience de l’avoir entre les mains ? Difficile à dire. Langley semblait bien trop préoccupé par sa petite personne. Elle était égoïste ? Certainement mais elle avait au moins le mérite de l’assumer. Lui préférait se voiler la face. En l’emprisonnant dans ses filets des mois auparavant, il avait été bien plus qu’exclusif, il avait été assassin. La conclusion était donc on ne peut plus claire : ils avaient tous deux brisé le cœur de l’autre - consciemment ou pas - mutilant ainsi le leur.

Leur face à face était donc à leur image : il respirait la haine, l’amertume et l’amour. Une seconde avait suffi à brouiller tous les repères spatio-temporels de Snow. Elle l’avait vu et le temps s’était tout bonnement arrêté la plongeant ainsi dans le plus pur des silences, avec pour seul écho les battements hachés de son cœur. Ne sachant comment interpréter ces palpitations, elle s’attela à la tâche la plus dure qu’elle ait jamais eu à faire : écouter les remontrances et les sarcasmes du jeune homme. Fière comme personne, elle ne le quitta pas des yeux comme pour feindre une forme d’impassibilité. La réalité était tout autre : son monologue l’avait tout simplement bouleversé. A vrai dire, il ne laissait personne indifférent. Des inconnus - même à 9 heures du matin, les curieux sont de la partie - s’étaient même arrêtés non loin admirant dans un respect mutin le jeu de ceux qu’ils prenaient pour deux acteurs expérimentés, cherchant les caméras.

Leur dispute avait en effet tout d’un « soap opera » typique. Ou presque, car le cercle d’importuns finirait bien par comprendre qu’ils assistaient à une vraie querelle amoureuse, du moins à une vraie querelle d’ex-amants. Des « oh » parvinrent jusqu’aux oreilles de Sky lorsque le jeune homme déchira son portrait sous ses yeux. Elle le regarda faire avec un semblant d’indifférence mais, quand les morceaux s’envolèrent au gré du vent, elle ne put dissimuler plus longtemps son extrême souffrance. Sky ne pleurait jamais. Sa peine ressortait sous une unique forme : la colère. Elle posa donc des yeux on ne peut plus dédaigneux sur lui comme s’il venait de déchirer une toile de Caspar David Friedrich, son peintre favori. En fait, c’était pire encore, il venait de réduire en miettes leur histoire, leur amour. Jamais elle ne l’aurait cru capable d’un tel blasphème.


« Non » rétorqua-t-elle sèchement sans le quitter des yeux. « Je tiens à laisser un message sur le répondeur ». Sa voix glaciale sifflait entre ses dents. « Très cher cœur d’Aaron Langley » ironisa-t-elle l’air railleur. « A l’avenir, évite de coucher avec une fille le soir du Bal de Noël si tu veux vraiment que l’ISP tout entier prenne au sérieux ton soi-disant chagrin d’amour »

A ces mots, elle esquissa un sourire crispé, sarcastique, et sortit de son sac à main un paquet de mouchoirs qu’elle fourra violemment dans les mains du jeune homme. C’était du Sky tout craché. Elle aimait se moquer ouvertement des gens ou plutôt de ceux qui la blessaient profondément. Aaron ne mesurait peut-être pas l’ampleur de ses propos mais elle n’était pas prête à les lui pardonner. Elle avait l’impression qu’il avait oublié les moments édéniques qu’ils avaient passé ensemble comme s’il pensait que, quelque part, elle ne l’avait jamais aimé. Alors oui, ce cadeau - un merveilleux paquet de Kleenex senteur menthe -, c’était l’incarnation même de la colère, de l’ironie de la jeune femme. Il souffrait. Vraiment ? Au moins, elle participerait à cette réjouissance, réjouissance qui soit dit en passant lui briserait le cœur à elle aussi. Au moins, ils seraient quittes.

« Maintenant, c’est réglé » lança-t-elle froidement avant de tourner les talons. Jamais elle ne l’avait vu si remonté. Le regard du jeune homme - si pur, si lumineux d’habitude - venait de brûler ses ailes sans le moindre préavis. Comme un oiseau pris au piège, Sky ne pouvait plus s’envoler. Il ne lui restait donc qu’une seule solution - fuir - solution qui certes, n’était pas dans ses habitudes, mais qui attestait une chose : elle se trouvait dans le désarroi le plus total.
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Aaron Langley
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeVen 18 Jan - 17:39

Aux yeux de la jeune Canadienne, Aaron était égoïste ? Comment pouvait-elle penser cela une seule seconde ? Ils étaient deux à s’être engagés dans cette relation, or la séparation ne s’était pas décidée d’un commun accord. C’était elle et uniquement elle qui avait souhaité prendre ses distances, du recul face à la situation dans laquelle ils étaient. Il n’avait pas eu son mot à dire dans cette rupture car malgré un bref échange de paroles, elle campait sur sa décision. Alors l’individualiste dans cette histoire, ce n’était certainement pas lui. Les couples traversaient bien des crises, sans doute auraient-ils pu la surmonter, si encore elle leur avait laissé une seconde chance, non… si elle lui avait donné une seconde chance, à lui. Elle était partie, sans aucune raison valable. La liberté d’une personne était un bien extrêmement précieux mais l’était-il au point de tirer un trait sur son grand amour ? Encore aujourd’hui, il ne comprenait pas. Elle disait l’aimer et pourtant elle s’en était allée, le laissant seul avec son désespoir.

Impulsif, il n’avait pas hésité à réduire en miettes l’esquisse qu’il avait fait d’elle, gage et signe de son amour encore présent. Probablement contre son gré, son geste avait eu un impact on ne peut plus symbolique. Comme s’il mettait définitivement un terme à ses sentiments pour elle. La représentation de cette destruction faciale subite prouvait en quelque sorte qu’elle n’avait plus aucune espèce d’importance à ses yeux alors que c’était tout le contraire. Inconsciemment, il avait voulu se montrer fort devant elle, car si elle avait pu l’oublier il n’en était rien de son côté… Sa colère était si grande qu’il aurait pu s’en prendre au premier passant qui se serait risqué à demander son chemin. Jusqu’à présent, il n’avait pas eu le cran de s’énerver contre elle, de crier, d’hausser la voix, de lui démontrer qu’il lui en voulait réellement pour tout ce qu’elle lui avait fait endurer. Une chose était certaine, il ne pensait nullement être en possession de son cœur. Selon lui, elle le lui avait repris de force le jour où elle l’avait quitté, en profitant – par la même occasion – pour lui dérober une partie du sien et le déchirer sous ses yeux tristes.

Lorsqu’elle lui répondit d’une voix sèche, le regard du jeune Anglais se plissa légèrement sans jamais se détacher d’elle. Avait-il eu raison de s’emporter ? Bien sûr que oui ! Elle l’y avait poussé… Elle avait souhaité qu’il s’exprime honnêtement, sans faux-semblant. C’était qu’il avait fait. Mais ses paroles n’étaient fichtrement rien en comparaison de ce qu’elle fit, elle. Ses derniers mots eurent raison de son énervement. Bientôt, il retrouva sa rigidité d’antan, sentant son poids prendre de l’ampleur. Le décor alentour semblait même vaciller sous ses yeux interloqués. Comment avait-elle su pour Delia ? Pourquoi… Pourquoi fallait-il que cette discussion ait lieu ? Il n’était pas dans sa nature de se cacher ou dissimuler certains de ses actes mais dans le cas présent, il n’avait pas souhaité qu’elle soit mise au courant, tout simplement pour lui éviter une souffrance morale qu’il savait présente. Elle pouvait le nier et se mentir à elle-même, mais il était certain qu’au fond d’elle, cette information avait été la cause d’une douleur profonde. Dans le cas contraire, cela voudrait dire qu’elle ne ressentait plus rien à son égard, en vue de son emportement c’était impossible.

A défaut d’être déjà bien amoché, son cœur sembla se décomposer d’avantage jusqu’à finalement se détacher de son corps. Comme brûlé vif, son organe prenait feu, la douleur était si intense qu’instinctivement il plaça sa main libre à l’emplacement de celui-ci tandis qu’elle lui plaçait de force un paquet de mouchoirs dans l’autre. Devait-il comprendre – par sa méchanceté gratuite – qu’elle le considérait comme un faible, qui s’effondrait à la moindre occasion ? L’observant s’éloigner, il jeta férocement le paquet de kleenex au sol et s’empressa de la rattraper avant de se saisir de sa main et de la faire pivoter dans sa direction non sans violence.


« Comment peux-tu douter de mon amour pour toi ?! » Clama t’il d’une voix forte alors que ses tempes semblaient sujettes à de virulents tambourinements qui lui martelaient la tête. « Tu m’as laissé, Sky… Tu ne peux pas te servir de ce que j’ai fait comme excuse, c’est trop facile. Si nous en sommes ici aujourd’hui, c’est entièrement ta faute ! » Relâchant aussitôt son poignet, il secoua négligemment la tête tout en levant les yeux au ciel d’agacement. « Je t’ai aimé sincèrement et je continue de le faire. Je ne te permettrai pas de remettre en cause mes sentiments pour toi. Tu crois vraiment que je me la coule douce depuis que tu m’as quitté ? C’est ce que tu penses ? Je pensais que tu me connaissais mieux… Tu sais très bien que je ne vais pas à droite et à gauche. » L’intonation de sa voix s’était faite plus douce. Ses mains – quelque peu tremblantes – vinrent encadrer son doux visage diaphane tandis que ses pouces caressaient délicatement ses joues dans des gestes précis. Se penchant vers elle, il réduisit considérablement les distances entre eux, se retrouvant désormais à seulement quelques centimètres d’elle, son souffle chaud lui parvenait même. « Je t’aime, d’accord ? Tu n’as pas le droit d’en douter… » Frottant légèrement le bout de son nez contre le sien dans un baiser esquimau comme il aimait les faire, Aaron laissa ses lèvres froides frôler furtivement les siennes sans jamais oser faire plus que les effleurer.
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeVen 18 Jan - 23:46

Une minute, à peine. C’est le temps qu’il avait mis avant de réapparaître dans sa vie. Sky pensait que son ultime phrase mettrait un terme à leur histoire. De toute évidence, elle avait sous-estimé la ténacité - les sentiments ? - du jeune homme. Forcée de se retourner, elle affronta avec témérité son regard bien que chacune de ses paroles transforment ses jambes en coton. Son cœur - du moins ce qu’il en restait - avait dressé le drapeau blanc depuis bien longtemps déjà ; seul son esprit ruminait encore contre lui. Il se débattait. Il luttait pour garder le dessus, pour ne pas ‘céder’. Mais un simple contact - celui de leurs deux mains - suffit à troubler Snow, jeune femme pourtant réputée pour son extrême froideur.

Elle l’était. Elle était même bien souvent plus glaciale que n’importe quel vent sibérien. Tel un animal farouche, Sky ne se laissait jamais approcher avec aisance de sorte que pour la compter parmi ses amis - et croyez-moi, ce n’est pas forcément une chance, loin de là - il fallait soit lui ressembler comme deux gouttes d’eau - elle avait immédiatement eu le ‘feeling’ avec Jazz -, soit faire preuve d’originalité - Matthew avait orchestré un ‘rentre-dedans’ monumental - soit … la bouleverser dès le premier regard. Enfin, mieux vaut ne pas trop mettre d’espoir sur la dernière possibilité. Un seul homme en avait été capable. Jamais plus elle ne vivrait un tel coup de foudre.

Aaron Langley. Que dire de lui ? A vrai dire, aucun mot ne serait suffisant. Toutefois, si elle devait s’hasarder à faire l’ébauche de son portrait moral, alors elle insisterait sur son manque de confiance injustifié. Jamais il ne s’estimait à sa juste valeur. Voilà pourquoi - si elle en avait la force et le courage - alors elle lui dirait qu’il n’avait pas seulement été son premier amour, non il avait été bien plus. Une sorte de superman des temps modernes. Il lui avait tout simplement sauvé la vie. Fraîchement débarquée à Amsterdam, le cœur en morceau car loin de ce qu’elle désirait - l’aventure - Aaron lui avait fait découvrir une autre facette d’elle-même.

Plus sensible, plus calme, plus posée. S’il n’avait pas été là pour l’épauler, alors il est fort probable qu’elle n’aurait jamais tenu le coup. Elle serait morte à petit feu dans cette satanée ville parce que personne n’aurait pris le temps de lui montrer que parfois les ‘grands espaces’ et les ‘périples’ peuvent subsister ailleurs que dans un paysage. La personnalité d’Aaron par exemple dissimulait à la fois mystère, voyage, évasion et bien d’autres choses encore. Seulement ce matin là, sa colère et son amertume semblaient avoir pris le dessus. Elle le laissa se justifier - après tout, elle l’avait empêcher de partir pour ça, non ? - mais garda une expression typiquement 'Skytique' : une forme d'implacabilité absolue.

Elle reprit pourtant ses paroles en lançant un
« Ma faute ? » l’air interloqué. Elle ne put cependant en dire davantage dans la mesure où il persévéra avec acuité dans ses explications. Les grandes lignes de son raisonnement étaient justes mais il oubliait l’essentiel : se demander pourquoi elle l’avait quitté. Elle lui aurait probablement posé la question s’il ne s’était pas éminemment rapproché d’elle. Le baiser d’esquimau était sa marque de fabrique. L’effleurement de ses lèvres, un comble. Snow ferma les yeux parce qu’elle savait pertinemment que, sans ça, il y lirait son trouble. Prétendre ne rien ressentir serait d’ailleurs le plus gros mensonge de sa vie. Détournant légèrement son visage - par peur, non par dégoût - elle posa sa main sur le torse du jeune homme comme pour instaurer une quelconque distance. L’ennui c’est que sa main se posta naturellement sur le cœur du jeune homme. Confuse, elle la retira aussitôt et fixa un point invisible.

« La seule chose dont je suis sure, c’est que tu empestes son parfum » La méchanceté, la haine faisaient clairement parties de sa personnalité. Elle utilisait ses deux extrêmes que pour se défendre. De quoi au juste ? Difficile à dire. Elle remettait ses sentiments en question parce qu’une partie d’elle aurait préféré - par égoïsme assurément - que jamais il ne cesse de lui appartenir, qu’il patiente jusqu’à ce qu’elle réalise sa bêtise, en soi.

« Tout ça c’est… » commença-t-elle en observant les morceaux de son portrait s’envoler. « ... de la poudre au yeux » Elle soupira, désemparée. Ses propres paroles la déstabilisaient. Elle devait être folle pour réduire leur amour à une forme de maquillage puéril. Folle ou anéantie. « Je ne t’empêche pas d’avoir ta vie ni même de te reconstruire avec cette … » Elle se stoppa immédiatement car l’imaginer avec une autre suffisait à lui donner la nausée. « Enfin peu importe » fit-elle en fermant furtivement les yeux, plaçant sa main droite devant elle. « Mais je pensais juste que tu comprendrais que… » Une fois encore, elle laissa sa phrase en suspend. A quoi bon lui dire tout ça ? Oui elle pensait qu’il attendrait qu’elle vienne ramper à ses pieds et s’excuser, mais pas qu’il finisse dans d’autres bras. A cet instant précis, l’un des nombreux curieux commenta la scène. Bien qu’elle n’ait aucune idée de ce qui venait d’être dit sur elle, sur lui ou sur eux - elle était bien trop concentrée sur Aaron - elle tourna la tête en direction du malotru et le fusilla du regard. Il ne manquait vraiment pas d’air celui-là. « As-tu la moindre idée du nombre d’invitations que j’ai du décliner pour ce foutu bal tout ça parce qu’une partie de moi espérait encore que tu daignerais l’y inviter ? » fit-elle en reportant subitement son attention sur lui, le regard on ne peut plus désemparé.
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeSam 19 Jan - 14:32

Si Sky demeurait une énigme sur pattes pour bon nombre de personnes, elle était incapable de duper Aaron. Très vite, il avait su voir les bons côtés qui émanaient de tout son être fleurissant et attrayant. Si elle croyait tromper quelqu’un avec ses regards assassins et ses répliques cinglantes, ce ne serait sans doute pas lui. Il la connaissait par cœur, comme s’il l’avait créé et lui-même façonné. Elle était le fruit d’un amour certain et prononcé pour le troisième art. A elle seule, elle représentait une œuvre d’art riche en couleurs, intrigante de part sa variété et complète bien qu’inachevée d’une certaine manière. Telle une esquisse ancienne, de très grande valeur, il fallait prendre soin d’elle mais les années avaient eu raison de sa beauté éternelle car quelques fissures s’étaient vicieusement glissées sur le tableau. Son cœur était une faille indéniable – dont il ne fallait pas abuser – et Aaron ne se serait jamais permis de lui faire délibérément du mal. Elle avait beau lui vociférer mille et une paroles acerbes et démontrer par des gestes sa pseudo indifférence, il n’y croyait pas. Elle était sienne, elle lui appartenait, c’était SON bijou, SON prodige. A la manière d’un tableau de Georges Seurat, il s’était minutieusement donné les moyens de la confectionner, la modeler telle une sculpture Grecque, en utilisant le pointillisme. Chaque parcelle de sa peau, il la connaissait… Grand passionné, amoureux transi certains pourraient dire – le jeune Anglais faisait attention à chaque détails, avec une marge de dix fautes, il aurait été capable d’énoncer le chiffre exact du nombre de grains de beauté qu’elle possédait. Point par point, qu’il s’était amusé à juxtaposer, il l’avait peinte, sur un tableau immaculé, à l’encre indélébile.

L’impossibilité de rester loin d’elle se fit extrêmement ressentir au moment il où l’avait retenue pour ensuite s’emparer de son doux visage aux traits pourtant si durs. Lorsqu’elle posa sa main sur son torse, un frisson invisible lui parcourut l’échine avec une violence accrue mais étrangement agréable. Depuis combien de temps n’étaient-ils pas entrés en contact l’un avec l’autre ? Trop longtemps… pour qu’il s’en souvienne. Leur rupture semblait bien loin, ainsi que leur romance dont les restes venaient de s’envoler. Une fois encore, il en prit pour son grade. Il ne pouvait nier le fait que ses paroles lui faisaient affreusement mal mais une voix au fond de lui l’implorait de passer outre ces méchancetés qui ne devaient probablement pas être pensées. Il fallait dire que le jeune homme avait une patience impressionnante et qu’il pouvait s’avérer plus zen qu’un Bouddha. Seulement, il ne valait mieux pas se risquer à dépasser les bornes car une fois les limites franchies, il perdait toute gentillesse.


« Pourquoi semble-tu prendre un malin plaisir à vouloir t’acharner sur moi ? » Répondit-il avec une once de déception dans la voix quant à l’éventualité qu’il porte encore la marque de son désir charnel pour la jeune Française. « Je ne pense pas que ce soit mérité… » Conclut-il avec calme.

Puis, elle entreprit de s’exprimer pleinement, mais seules l’ébauche de quelques demi-réponses lui parvinrent mais pour chacune d’entre elles, il pensait déjà connaître la suite. S’étant détaché d’elle depuis quelques secondes maintenant, ses mains semblaient prises de gestes compulsifs et nerveux, signe de son angoisse innée. Cette situation l’énervait et l’anéantissait à un point que même Sky ne pouvait imaginer. A sa dernière demande, Aaron parut ne pas comprendre le sens de ses propos. Fronçant les sourcils d’incompréhension, il crut halluciner. C’était une plaisanterie, n’est-ce pas ? Des reproches, encore des reproches… Devrait-il se contenter à jamais de ceux-ci ?


« Non, je n’en ai pas la moindre idée. Tu me reproches le fait d’avoir essuyé un nombre incalculable d’invitations pour une mondanité superficielle ? » Reprit-il, l’air toujours aussi aberré. « Il ne fallait pas te gêner, voyons… Cependant, une chose m’étonne. Je pensais te connaître mieux que moi-même et j’apprends que tu es une jeune louve courtisée par mille prétendants. Je suis ravi de l’apprendre, même s’il est un peu tard, qu’il ne reste rien de la Sky que j’ai connu il y a des mois. » Secouant machinalement la tête de droite à gauche, il se retourna et marcha en direction du banc où il s’attela à réunir ses affaires avant de prendre dans sa main sa grande pochette, fin prêt à prendre le large.
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeDim 20 Jan - 10:49

As-tu découvert ce qui se cache derrière la lumière ?
La pluie sans relâche maintenant que…
Saurais-tu toujours quand tu les regardes, quand tu fais l’amour ?
Tes yeux qui s’attardent maintenant que…


Tout au long de sa vie, Giles lui avait transmis une once de lui-même. Son père l’avait en effet élevé avec pour seul manuel de ‘bonne conduite’ les romans d’aventure - ses préférés bien sur - traînant dans sa maigre bibliothèque. Il lui avait appris à chasser, à cuisiner, à créer sans jamais se contenter du passable. En soi, il avait été le ‘papa’ idéal car à ce jour, Sky ne pouvait lui reprocher qu’une seule chose : avoir attisé sa peur de la mort. Depuis toujours, son père redoutait cette ultime échéance - parce qu’elle impliquait indirectement l’abandon de sa fille - et évoquait toujours cette notion abstraite en utilisant ce que Snow appelait à l’époque « les grands mots » : faucheuse, funeste personne ainsi de suite. Il l’avait en quelque sorte marqué à vie - voire même traumatisé - mais à présent, elle ne lui en voulait plus, jugeant cette frayeur on ne peut plus naturelle chez un être humain vulnérable. En revanche, elle le taxait d’une autre faute, bien pire à ses yeux car beaucoup plus dangereuse. Il avait omis de lui enseigner la peur de la douleur. Il avait omis de lui dire à quel point mourir vaut mieux que vivre sans l’être aimé.

Pourras-tu me dire ce qui me retient dans notre avenir ?
Des espoirs sans fin maintenant que…
Ressens-tu toujours celle qui te désire, les silences lourds,
Le feu des soupirs ? maintenant que tu as…


Il ne lui avait jamais parlé une seule fois de ‘ça’ - enfin je veux dire, des ruptures amoureuses - alors qu’il était le mieux placé pour la mettre en garde contre le danger permanent qu’est l’Amour. La mère de Sky l’avait largué - non vraiment, il n’y avait pas d’autres mots - à la naissance de leur fille à son plus grand désespoir. Pourtant, jamais il n’avait dit le moindre mal d’elle et jamais il n’avait évoqué la moindre souffrance, par pudeur probablement. Alors oui, elle le blâmait : parce qu’il n’avait pas su la prévenir du véritable risque encouru. La mort ? Elle lui rirait au nez le moment venu car désormais elle savait. Elle savait qu’il n’y aurait jamais pire qu’un chagrin d’amour. Elle savait que rien ne pourrait être plus douloureux que ce chagrin là, que de devoir laisser Aaron prendre un nouveau départ, avec une autre de surcroît. Le ventre noué, le regard vide, le cœur brisé. Non vraiment, elle préférait affronter la mort en face plutôt que de revivre ça. Elle préférait quitter ce monde plutôt que de le perdre comme ça.

« Excuse moi » glissa-t-elle faiblement, baissant la tête pour la première fois depuis leur entrevue - si toutefois on peut encore appeler ça une ‘entrevue’. Il n’avait pas tout à fait tort, elle n’avait pas à lui parlé ainsi. « Mais je pense avoir mes raisons même si tu ne sembles pas décider à l’admettre » conclut-elle à demi-mot avec une pointe d’amertume.

Déserté les lignes de ma main après les avoir gravé
Maintenant que tu as effacé les lignes de ma main après m’avoir tout donné
Maintenant que tu as oublié les lignes de me main après les avoir gravé
Maintenant que tu as effacé jusqu’à mon parfum après m’avoir tant aimé


Leur discussion se transformait en course-poursuite. Un coup il prenait la fuite, un coup elle le faisait. Jamais ils ne cesseraient leur manège. Un court instant, Sky - enfin, la fierté de Sky plutôt - se dit qu’il valait mieux le laisser partir. Elle soupira, jeta un furtif coup d’œil aux alentours et se sentit étrangement ‘mal’. Tous ses yeux braqués sur elle… Et lui, si loin. Elle reporta son attention sur Aaron et, le voyant rassemblé ses affaires, elle se décida enfin à le rejoindre d’un pas décidé.

« Navrée de te contredire » fit-elle en s’emparant des feuilles qu’il tenait dans ses mains. Elle s’accroupit et ramassa le crayon qu’il avait laissé tombé quelques minutes plus tôt. Rapidement, elle fit l’ébauche du banc et insista sur leurs deux initiales. « … Mais je sais toujours dessiner » Elle lui rendit férocement le tout comme si elle tenait expressément à s’en débarrasser. « Et tout comme la Sky d’antan, j’ai toujours mauvais caractère » ajouta-t-elle en croisant les bras, jouant sur ses paroles. « Je suis toujours … » Mais elle se stoppa brutalement, réalisant que cela ne servait à rien. Il ne comprendrait jamais rien à rien et ils resteraient buttés tous les deux. « Ok »

Pourras-tu m’avouer quelle histoire de trop t’as fait basculer ?
Me laisse en morceau maintenant que…
C’est terminé


« Quand l’aveugle qui sommeille en toi ouvrira les yeux » commença-t-elle sans le quitter des yeux. « Préviens-moi » Et, de nouveau elle lui tourna les talons.
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeLun 21 Jan - 1:45

Je suis une feuille blanche, je ne demandais rien
Qu'à rester sur mon arbre et attendre la fin
Moi j'aimais le vent se perdant dans mes feuilles
Le murmure de la sève qui me donnait la vie
Moi j'aimais la hauteur que j'avais sur les choses
Je n'ai pas vu venir la lame qui m'a trahie


« Le temps passe. Et chaque fois qu’il y a du temps qui passe, il y a quelque chose qui s’efface. » C’était si vrai et… troublant. Les semaines se succédaient sans que le duo de bornés qu’ils formaient ne se soit adressé la parole une fois seule. Comme le temps passait vite, comme elle semblait lointaine cette étendue verdoyante et inspirante qui les avait tout deux bercés au sein d’un berceau commun fait de chimères artistiques et d’évasions concupiscentes. Un mois avait séparé leurs deux corps lascifs et pourtant, il semblait à Aaron que leur rupture remontait à plusieurs mois. La déchirure ressentie et l’impact des mots qu’elle eut ce jour-là étaient toujours ancrés en lui, comme si la séparation était âgée de seulement deux petits jours. Mais à l’image d’un vieux couple frappé par un subit divorce, il gardait la douloureuse marque de cet exil moral et physique qui lui fût imposé. Comme un lourd passé que l’on savait impossible à oublier. Elle fit un jour irruption dans sa vie, c’est pour toujours qu’elle y restera. Il se l’était promis à lui-même dès lors qu’il ressentit des sentiments profonds et sincères à son égard. En tant que véritable amoureux transi, il avait vu gros avec elle, sans doute un peu trop… Certain d’avoir fait le bon choix, il s’était jeté tête la première dans cette relation sans se soucier du reste, grossière erreur de sa part. Sûr de lui, il avait misé sur le cheval qu’il savait parti gagnant sans même vérifier les cotes de ce dernier. Les premières courses se déroulèrent comme prévu mais la fatigue finit par se faire ressentir jusqu’à ce que le pire n’arrive, sans qu’il ne s’y attende. Désormais, le jockey avait perdu son compagnon de toujours, sa moitié, et même si aujourd’hui il pouvait de nouveau la sentir proche de lui, humer son effluve avec magnificence, rien n’était plus comme avant. Le temps avait eu raison de leur idylle. A chaque page tournée, c’était un de leurs souvenirs qu’ils perdaient et s’effaçait contre leur gré. Bientôt, la panne de la page blanche les prendrait, tels deux amnésiques, ils en viendraient à oublier leur propre histoire.

Mais voilà que je sens que la plume me frôle
Et les lettres se forment comme l'encre tourbillonne
J'n'ai jamais vu plus lourd que le poids de ces mots


Pourquoi avait-il l’impression de jouer au chat et à la souris avec elle ? Elle s’en était allée, il l’avait rattrapée et désormais c’était à son tour de partir pour être au final retenu… Est-ce que tout ceci avait une fin ? Alors qu’il réunissait ses affaires sans même poser ses yeux sur elle, elle se permit de lui dérober ses feuilles pour y griffonner un rapide croquis qui représentait le banc devant lequel ils se trouvaient. Ne réalisant pas ce qui se déroulait sous son regard étonné, Aaron mit du temps à assimiler correctement les gestes qu’elle venait d’avoir ainsi que le flot de paroles qui allait avec. Resserrant ses effets personnels contre lui, un imperceptible petit sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’une légère fossette se creusait sur sa joue gauche. Il l’écoutait… Mais sans l’affronter. Il la laissait s’exprimer sans jamais l’interrompre jusqu’à ce qu’elle décide de le faire elle-même. Le reste de ses paroles le prirent par surprise avec une violence rare qui le heurta de plein fouet. Relevant les yeux seulement au moment où elle repartit, le jeune Anglais jeta un rapide coup d’œil vers une femme d’âge mûre qui lui adressait un discret signe de tête en direction de Sky, comme si elle cherchait à l’inciter à aller la retrouver. Sans plus attendre, il partit une fois encore à sa rencontre. Cette fois-ci, il vint entraver son chemin en se plaçant devant elle.

« Détrompe-toi, je ne suis pas aveugle… Mes yeux sont bien ouverts. »
Débuta t’il d’une voix posée. « Je t’ai vu l’autre jour près de la cafétéria. Tu riais. » Ses yeux couleur noisette s’étaient plantés dans les siens, cherchant à capter son attention. En effet, quelques jours auparavant, il l’avait vu – sans qu’elle ne remarque sa présence – avec une jeune femme et elle avait ri. Pour quelle raison, il l’ignorait. Mais c’était un pincement au cœur qui s’était emparé de tout son être. « Et crois-moi, j’aurais tout donné pour être celui capable de te faire sourire, ne serait-ce qu’un peu… »

C'est la misère d'un homme que je sens sur mon dos
Il dit je veux finir d'avec ma vie
Pardonne-moi mon amour mais je m'arrête ici
Ce n'est pas de ta faute si je baisse les bras
Mais j'ai perdu ma chance de gagner ici-bas
Et moi c'était mon rôle de porter tous ces mots
Et les larmes d'une femme tomberont sur moi bientôt
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeJeu 24 Jan - 21:58

What can I say ?
I miss your eyes, nothing more
Who can I love so much ?
Words are lovely, it’s right but there is something more


En mettant fin à leur relation, Sky se doutait qu’un jour ou l’autre elle serait en proie à de vifs remords mais elle espérait fortement que la satisfaction - celle d’avoir retrouvé un semblant de liberté - serait plus forte, qu’elle l’aiderait à avancer. Elle s’était donc déjà préparée à une ‘déprime passagère’. Seulement voilà, elle avait surestimé son désir d’indépendance et sous-estimé l’affection fusionnelle qu’elle portait à Aaron. Il lui était en effet plus simple de se voiler la face - une spécialité chez elle d’ailleurs - de croire qu’après tout, leur relation était des plus banales et qu’elle parviendrait aisément à reconstruire quelque chose avec un chromosome XY. Le hic, c’est que ce genre d’illusions l’avait mené à sa perte. Elle n’avait pas pu éviter la chute et elle avait brisé bien plus que de simples membres. Son cœur avait été touché. A l’époque elle se croyait maligne, forte mais la réalité était toute autre. Idiote et faible, voilà ce qu’elle avait été. Jamais elle ne trouverait quelqu’un comme lui. Jamais elle ne pourrait avoir une telle complicité avec quelqu’un d’autre. Et de toute manière, il fallait déjà qu’elle songe à se reconstruire elle avant même d’envisager un quelconque futur, un nouveau 'nous'.

I want to give you
More than a love song can give
More than a feeling like this
More than a dimmed light upon a path you walk


Se reconstruire impliquait deux choses : d’abord, reconnaître son erreur - au moins intérieurement - puis s’expliquer avec son double masculin. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Sky avait beaucoup plus de difficulté à appliquer la deuxième action. Parler à Aaron c’était en quelque sorte accepter la réalité de leur séparation. Et elle avait beau se tenir à l’écart, elle avait beau lui répondre méchamment, elle n’était pas encore prête à renoncer à lui. Elle ne le serait d’ailleurs sans doute jamais. Elle perdrait gros. Elle perdrait un être précieux, une âme irremplaçable qui, par un matin d’hiver avait réussi à trouver les clés de son cœur. Mieux, ils s'étaient trouvés, tout simplement, formant ainsi un couple on ne peut plus harmonieux. Aucun n’appartenait réellement à ce monde de strass et de paillettes : lui n’avait pas la mentalité d’un millionnaire et Sky elle n’avait tout simplement pas le cœur souillé par les formes diverses et variées du matérialisme. Aussi pure qu'une aurore boréale, aussi fraîche que la rosée qui parsème l'herbe à l'aube, Sky ne sentait pas attirée par ces mondanités. La seule chose qu'elle désirait, c'était un amour puissant et salvateur. Elle avait été aveugle et l'avait perdu.

More than the words can explain
More than the falling rain
More than the sunshines above your lovely face
Just more than you can imagine


« Aaron » glissa-t-elle fébrilement comme emportée par une vague d’émotions qu’elle ne parvenait plus à maîtriser. « Tu m’as fait sourire pendant un an comme personne ne l’a jamais fait » Il y eut alors une sorte de flottement - elle s’interrogea intérieurement sur les raisons de l’arrivée inopinée de ce compliment - durant lequel elle se sentit littéralement aspirée par son regard. Ne pouvant le soutenir plus longuement, elle baissa les yeux et remarqua que leurs mains s’effleuraient. Durant leur conversation - en fait, le mot ‘accrochage’ serait plus approprié - ce maigre contact lui avait semblé si naturel qu’elle n’en avait même pas pris conscience. « Ecoute, si je t’ai quitté ce n’est pas parce que… » Elle hésita, cherchant ses mots et fourra ses mains dans ses poches comme pour se protéger de sentiments qu’elle jugeait - à tort sûrement - déplacés. « Enfin… si je t’ai quitté c’est parce que j’ai eu… » Elle déglutit difficilement et fixa un point invisible sur le pan de la veste d’Aaron. « … peur » Une partie d’elle avait honte - parce que se montrer timorée ne faisait pas parti de ses habitudes - une autre se sentait libérée d’un immense fardeau. Il prendrait peut-être cette justification pour une excuse bidon mais au moins, elle ne pourrait pas - plus - se reprocher de ne pas avoir été franche, honnête avec lui. « Maintenant tu sais tout ».

Now find a way to come to me
Now look at me
I want to give you more than anyone
I'll be able to give you more than anyone
But now, I can’t
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Aaron Langley
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeJeu 31 Jan - 23:10

Aaron avait pourtant été mis en garde, il n’était pas sans savoir que la belle Sky tenait de façon impressionnante à sa liberté, qu’il lui avait dérobé – temporairement – afin de lui donner en échange un amour démesuré. Néanmoins, il avait osé espérer que son désir d’indépendance s’estomperait avec le temps. Pour lui, la question ne se posait même plus après un an de vie commune. Mais comme toujours, les femmes le décevaient et le faisaient souffrir sans scrupule. Lui qui, pourtant, ne ferait sans doute pas de mal à une mouche de son plein gré. Il avait fait confiance – aveuglément – une nouvelle fois et sa bêtise l’avait conduit à un mur qu’il ne manqua pas de percuter de plein fouet, sachant malgré tout la douleur qu’il ressentirait. Même si ces deux artistes se complétaient d’une certaine manière, il y avait de nombreuses failles, de nombreux points qui les différenciaient. Ceux-ci réunis et regroupés ensemble formaient un tout, une différence si grande que l’on pouvait se demander – après coup – comment leur couple était parvenu à vivre pendant douze longs mois. Sky voulait se faire croire à elle-même qu’elle était sans attache et que rien ni personne n’était indispensable à sa vie. Quant à Aaron, il préférait croire que l’expression « Il vaut mieux être seul que mal accompagné » n’était pas vraie, ni même fondée. La solitude était un sentiment qu’il n’avait jamais réussi à supporter. Il faisait parti de ces rêveurs nés qui voient le bonheur partout et en chacun. Si on s’en donnait les moyens, la vie pouvait réellement être rose pour tout le monde. Mais face à ces déceptions consécutives, il avait enfin compris que le bonheur n’était qu’un leurre transformé à l’occasion en chimère pour faire croire aux gens comme lui qu’il fallait positiver dans toutes les situations et ne jamais se laisser abattre.

La jeune Canadienne représentait probablement la perfection aux yeux aveuglés d’Aaron. Elle était très certainement LA personne la plus apte à le rendre heureux. Mais tout ceci avait-il réellement une quelconque importance dans l’état actuel des choses ? Elle l’avait laissé, abandonné, trahi son amour pour elle, sali leur histoire. Même si le chemin vers la reconstruction semblait encore loin, l’Anglais ne perdait aucunement espoir. Il avait fait la rencontre de cette charmante blonde intrigante, qui partageait les mêmes goûts musicaux que lui, quelques mois auparavant. Ils ne venaient certes pas du même monde, Aaron n’avait pas vraiment les moyens de l’entretenir mais il l’appréciait à sa juste valeur. Devait-il se jeter à corps perdu dans cette relation ? Etait-il prêt à faire le grand saut alors qu’il n’était pas encore remis de sa précédente relation ?

Restant silencieux à ses paroles, il n’aurait su dire si ce simple compliment lui faisait du mal ou du bien. Sans doute les deux. Il était heureux de savoir qu’il avait au moins servi à quelque chose durant cette année précédente et avait contribué à une partie de sa joie. Cependant, il ne pouvait nier le fait que le bond dans le passé qu’ils étaient en train de faire lui déchirait le cœur. Continuant de la fixer et ce malgré le fait qu’elle ai détourné le regard et cessé le jeu discret de leurs mains, il écouta son explication avec intérêt. Enfin il obtenait ce qu’elle n’avait pas été en mesure de lui donner lors de leur rupture.


« Pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ? » Demanda t-il, étrangement calme.

« Je pensais pourtant que l’on pouvait tout se dire. »

Emettant un léger soupir, Aaron vint effleurer sa joue droite du bout de quelques doigts avec une douceur sincère, loin d’être calculée.

« Regarde-moi, s’il te plaît… »

Où en étaient-ils désormais ? Avaient-ils avancé ou bien reculé ? En étaient-ils restés au même point ? Devaient-ils repartir chacun de leur côté, le cœur léger en pensant que leur histoire avait enfin eu un dénouement mérité, longtemps resté en suspend ?
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MessageSujet: Re: It's like I'm the one you love to hate. But not today [R]   It's like I'm the one you love to hate. But not today [R] Icon_minitimeVen 1 Fév - 18:30

[Flash-Back]


« Alors, alors ? » Sky venait tout juste de poser son plateau sur l’une des nombreuses tables du self-service - elle avait pourtant usé d’une discrétion exemplaire - que déjà toute la gente féminine attablée se tournait vers elle, d’un air on ne peut plus interrogateur.

« Le pion m’a dit que la salade n’était pas fraîche » rétorqua Sky sur un ton qui se voulait sérieux mais qui respirait l’ironie. Elle savait pertinemment que ce n’était pas ce que ses ‘amies’ voulaient savoir mais les faire mariner un peu ne leur ferait pas de mal. Voilà déjà plus d’un mois qu’elles l’harcelaient avec Ryan Parker, un sportif ultra populaire dans le campus.

« Snoooooow » firent-elles en cœur sans la quitter des yeux.

« Je suis passée par la fenêtre des toilettes »

« Non… Dis moi que tu n’as pas fait ça ? » L’air interloqué, sa meilleure amie de l’époque devint extrêmement pâle.

« Si, pourquoi je ne le ferais pas ? »

Un brouhaha monumental anima subitement la table.

« Attends mais ça veut dire que Ryan t’attends toujours devant les toilettes, là ? Tu lui as posé un lapin »

« On sort pas ensemble » fit Sky en la coupant sèchement, avant d’engloutir un petit morceau de pain.

« Même ! Il t’attends et tu l’ignores. Tu ignores Ryan Parker » Elle secoua la tête, dépitée. « Tuez-moi » Nombreuses étaient celles qui rêvaient d’être à la place de Sky et Dieu sait que cette dernière rêvait de laisser sa place à l’une d’entre elles. Malheureusement, le dénommé Parker semblait particulièrement ‘pot de colle’. Il avait sûrement d’innombrables qualités mais pas celles requises par Richardson. Et puis, il avait le défaut le plus détestable qui soit à ses yeux : la prétention. Alors quelque part, elle s’amusait à réduire son ego en l’envoyant balader. Il finirait bien par comprendre le message.

« Dire que tu aurais pu aller avec lui à la soirée de Sarah. Je suis sure qu’il voulait t’inviter »

« Grand bien lui fasse »

« Quand on parle du loup »

Sky se retourna immédiatement et l’aperçut à l’autre bout de la salle. Sans perdre une minute, elle attrapa son plateau et disparut sous les protestations de ses amies. Elle ne voulait pas le voir, ni même l’entendre et surtout elle ne voulait pas qu’il l’inviter. Même s’il méritait de se faire rembarrer toute sa vie, elle commençait à en avoir assez d’avoir le mauvais rôle.

[FIN DU FLASH BACK]


Briser les cœurs, elle ne savait faire que ça, déjà à l’époque. Elle avait aussi appris - durant l’adolescence - à se volatiliser, à fuir mieux que personne les problèmes. Fuir tout ce qui concernait son cœur. Fuir tout ce qui impliquait le mot « attache ». Fuir jusqu’à ce que l’Amour lui tombe sur la tête, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus l’éviter, jusqu’à ce qu’elle rencontre Aaron.

« Je ne sais pas » conclut-elle à demi-mot, le regard insaisissable. Parvenir à planter durablement ses yeux dans ceux d’Aaron - chose qui auparavant était un jeu d’enfant - devenait un véritable supplice. Elle avait l’impression de subir le même châtiment que ce cher Tantale. Dans la mythologie grecque, ce fils de Zeus semblait avoir passé la fin de sa vie dans le Tartare près d’une source abondante qui s’asséchait à chaque fois qu’il s’en approchait, près d’arbres fruitiers qui disparaissaient à chaque fois qu’il tentait de s’en emparer. De la même manière, Sky se trouvait à deux pas de l’objet - ici un être à part entière - de tous ses désirs mais elle ne pouvait céder à la tentation. Une force inconnue l’en empêchait ou tout du moins lui déconseillait de le faire.

« Je pensais que tu l’avais compris par toi-même, que… » Elle baissa subitement les yeux comme si une idée désagréable venait de jaillir dans son esprit torturé. Elle venait de comprendre qu’ils ne parvenaient plus à communiquer ni même à se comprendre. Ce fossé invisible - celui qui avait osé s’établir entre eux - la faisait tellement souffrir qu’elle noyait toute réflexion dans des illusions rocambolesques. Quelque part, il lui était plus facile de fuir ce sentiment qui lui brûlait les entrailles plutôt que de l’extérioriser, de l’assumer.

« Il vaut mieux qu’on prenne nos distances toi et moi » L’une de ses mains vint caresser discrètement son propre tatouage - situé sur le poignet - signe de l’angoisse que produisait ses propos. Jamais elle ne se serait cru capable de dire ‘ça’. « Enfin je veux dire que … » Elle prit une grande respiration et renchérit avec difficulté. « On s’est expliqué, c’est le principal. Maintenant tout ça c’est de l’histoire ancienne » Voilà, c’était dit, à contre cœur certes mais c’était ‘fait’. Tourner la page, ils en avaient besoin tous les deux, au moins illusoirement, juste pour prendre le temps de réfléchir. Elle demeura un long moment immobile, son regard vif planté dans celui d’Aaron comme s’ils communiquaient en silence, et finit par tourner à nouveau les talons, une bonne fois pour toute cette fois-ci. Elle se faufila parmi les spectateurs curieux - ils semblaient ne pas apprécier cette fin - et disparut dans la brume matinale avec une seule certitude. Cette histoire était loin d’être finie.
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