Elève assidue recherche Professeur compétant. [Pv Sebastian]

Un vendredi comme les autres se profilait à l’horizon. Les élèves de troisième année étaient contraints comme tous les autres de suivre les cours de leur emploi du temps de l’année. Mis à part le fait que dans quelques heures, la liberté s’offrirait à eux, Valentine ressentait une pointe d’excitation en ce jour… La matinée était réservée aux options. Deux heures de dessin, suivies par deux heures consécutives de musique. Son cours préféré par excellence. Depuis toute petite, elle vouait un véritable culte au piano, mais jouer d’un seul instrument commençait à devenir lassant aux yeux de la jeune femme. Elle maîtrisait parfaitement cet instrument, des cours ne lui serviraient, pour ainsi dire, à rien. Néanmoins, un an avant son arrivée à l’ISP, Valentine avait débuté l’apprentissage du violon. S’ensuivit une grande histoire d’amour entre cet objet et elle. Cependant, elle n’excellait pas en la matière, même après quatre ans de pratique, quelques failles étaient nettement visibles. Ses difficultés n’étaient pas excessives ni trop prononcées, elle était capable de s’améliorer et souhaitait avant tout obtenir de bonnes notes dans chaque matière, et s’imprégner totalement de cet art qu’est la musique. Ce qui n’était pas impossible.

Son professeur de musique lui apportait énormément, mais la jeune Hollandaise était une acharnée du travail, peu satisfaite d’elle-même dans certaines situations, même si elle ne l’avouait que très rarement. Pleine d’assurance, elle n’aimait pas particulièrement montrer ses points faibles, se confier à son professeur sur ses désirs d’en apprendre d’avantage aurait pu être une excellente idée si elle n’avait pas trouvé meilleur enseignant. Sebastian Visconti. Un étudiant de l’ISP, lui aussi en troisième année. Ils suivaient d’ailleurs les mêmes cours de musique, et sa manière de jouer lui avait tout de suite plu. Travailler en binôme avait du bon. Et cela faisait déjà quelque temps maintenant que Valentine avait demandé de l’aide auprès du jeune homme, qui avait chaleureusement accepté sa demande.

Faisant abstraction du fait que Sebastian était le frère jumeau d’Adrian, il lui arrivait parfois de bafouiller et perdre contenance l’espace de quelques instants. Leur ressemblance était troublante, mais quand on y voyait de plus près, ils ne se ressemblaient pas plus que cela. Sebastian était une petite crème, aimant rendre service, quant à son frère… Il était un peu plus rustique et moins sociable. Une complicité était rapidement née entre ces deux-là, mais jamais elle ne mentionnait une seule fois le nom d’Adrian, excepté lors de ses cafouillages… Lorsqu’elle lui donnait le nom de son frère, par mégarde, bien entendu.

En cette fin d’après-midi, Valentine s’était immédiatement rendue dans la salle de musique, là où ils avaient habituellement cours. Il devait être 17h, et leur rendez-vous était fixé pour dans un quart d’heure. L’amphithéâtre n’avait rien à voir avec toutes les autres salles de cours, celle-ci était nettement plus attrayante, des instruments en tout genre étaient mis à leur disposition mais il était inconcevable pour elle de jouer avec un autre violon que le sien. Assise sur le bureau réservé au professeur, la jeune femme balançait ses pieds d’avant en arrière, dans le vide, astiquant et frottant les recoins de son violon, comme s’il s’agissait d’un objet rare et précieux, ce qui était plus ou moins le cas soi-disant passant.

Invité

Sebastian entra dans l’ISP essoufflé comme pas deux. Tentant de reprendre une respiration dite normale, le jeune italien s’arrêta sur le côté, pour ne pas gêné la circulation des élèves . Il releva la manche de son manteau et consulta sa montre.

17h00

Il avait couru plus vite qu’il ne l’aurait cru. Les joues encore rougie par l’effort qu’il venait de fournir, Sebastian reprit sa route mais cette fois ci en marchant. Son après midi, il l’avait passé dans les rues d’Amsterdam à chercher les cadeaux de noël qu’il allait offrir alors qu’il aurait certainement dû être en cours. Seulement, rien n’était plus important à ses yeux que de faire plaisir et voir un sourire illuminé un visage.

Le temps était passé relativement vite et quand l’horloge de l’église avait affiché 16h40, Sebastian était encore entrain de flâner devant les vitrines, des paquets plein les mains. Il n’avait donc eu d’autre choix que de rejoindre la résidence universitaire au plus vite. Il ne lui avait fallut qu’une vingtaine de minute bien qu’étant un piètre coureur de fond. Sebastian avait ensuite tout déposé sur son lit, attraper l’étui de son violon et avait filé aussi rapidement vers les bâtiments scolaire.

A présent, le troisième année se dirigeait vers la salle de musique. C’était sans doute celle qu’il aimait le plus au sein même de l’établissement. Au contraire de d’habitude, Sebastian n’y allait pas pour assister à un cours mais pour rejoindre une amie qu’il avait accepté d’aider. Elle aussi avait choisi le violon. Très talentueuse, Valentine – de son prénom – lui demandait souvent des conseils jusqu'à ce qu’il accepte de lui donner des cours. Au fond, il en était fier.

Le jumeau poussa la porte et constata avec plaisir que Valentine était déjà là. Il laissa plana un doux silence avant de s’avancer vers elle après avoir refermé la porte.

« En avance, comme toujours. Nan mais franchement pour quoi tu me fais passer ? » Lança t-il avec un amusement certains.

Il déposa l’étui de son violon sur le bureau du professeur où Valentine était assise et sauta à son tour dessus puis il porta son regard sur son amie.

« Alors cet après midi ? Bien ? Tranquille ? » Curieux lui ? Jamais.

Sifflotant alors un petit air connu, Valentine cessa un instant de récurer son instrument. On ne pouvait faire plus propre, il était même possible d’y voir son reflet. A force de l’astiquer, celui-ci allait finir par s’abîmer mais elle détestait la poussière, encore plus les traces de doigts. Et puis, elle devait bien s’occuper en attendant l’arrivée de Sebastian, n’est-ce pas ? Jouer les fées du logis ne lui ressemblait pas, excepté quand il s’agissait de ses propres affaires, là elle en faisait une affaire d’état. Alors qu’elle commençait tout juste à fredonner quelques paroles d’une chanson française, le jeune homme entra dans la salle de classe, décrochant ainsi un large sourire aux lèvres de Valentine de par sa présence. D’un geste nerveux, elle se frotta la cuisse droite en le voyant s’approcher d’elle, surexcitée telle une puce à l’idée de pouvoir jouer en sa compagnie. Il faisait parti de ces rares personnes dont elle acceptait les conseils et autres recommandations. Nul besoin de préciser que les reproches étaient prohibés, mais il faisait exception à la règle.

« Pour un mec en retard ? Lança t’elle d’une voix hésitante, son sourire élargissant d’avantage ses fines lèvres. »

Observant Sebastian venir se poser sur le bureau, ou plutôt se jeter comme un gros balourd dessus, Valentine écarquilla de grands yeux ébahis, telles deux grosses billes. Elle baissa rapidement le regard vers son violon, histoire de voir si celui-ci avait survécu au séisme puis reporta son attention sur le petit Bisounours se trouvant à ses côtés.

« Ola ola… Du calme mon petit. Dit-elle d’une voix presque théâtrale. Je suis pas sûre, qu’avec le gros popotin que tu te paies, ce bureau survive. Elle haussa simplement les épaules dans un geste innocent, arborant un de ses innombrables sourires cajoleurs. En prévision des fêtes qui arrivent… Tu devrais limiter les cochonneries. Taquine ? Oui, beaucoup… »

Elle reprit alors un faux air sérieux tout en serrant son violon contre elle dans un geste tendre. Mine de rien, c’était une situation pour le moins étrange… Elle sortait avec son frère jumeau, sans qu’il ne le sache, et même si leurs coupes de cheveux différaient, ils étaient identiques, et Adrian ne pouvait aucunement lui sortir de l’esprit en ayant ce petit minois adorable face à elle.

« Pour en revenir à ta question. Je suis allée en cours, contrairement à certains. Répondit-elle avant de malicieusement lui tirer la langue. Elle n’était pas dupe, elle savait très bien qu’il avait manqué à l’appel. Mais après tout, il était maître de ses actes et faisait ce qu’il souhaitait. Cela ne la regardait pas, bien évidemment. Et ton après-midi à toi ? Passionnante, je suppose. Posant son violon près d’elle, sur le bureau aux côtés de l’archet, Valentine leva doucement la main et appuya fortement son index sur la joue de Sebastian, celle-ci encore empourprée de rouge devint blanche à l’endroit où elle s’était amusée à toucher. Tu n’as pas fait des folies de ton corps, rassures-moi ? Non parce que tu as l’air légèrement… Exténué. Pinçant ses lèvres dans un mimétisme comique, elle soupira doucement. Tu es tout rouge, et je parle même pas de tes cheveux… Qu’est-ce que tu as encore fabriqué ? »

Invité

« Pour un mec en retard ? Je suis en avance de cinq minutes ma chère ! » Répliqua t-il en ajoutant à ses paroles, un air froissé.

Pour une fois qu’il arrivait un peu avant l’heure, c’était exceptionnel. Non pas qu’il était impoli mais bien souvent Sebastian arrivait en retard. Overbooké ? Pas tellement juste un peu lent et feignant en fin de journée. Après tout, il prenait ça comme un loisir plutôt qu’un devoir, pourquoi se limité à des heures strictes alors ?

Lâchant un rire expressif devant les yeux surpris de Valentine, Sebastian haussa des épaules s’excusant de s’être jeter littéralement sur le bureau. La voir reporté son attention instinctivement sur son violon lui arracha un sourire. Lui aussi était comme ça. Son violon était ce qu’il avait de plus précieux après ses amis ou avant, peut importe.

« Gros popotin ? Quoi ? Mais ca va pas ! » Il lui montra alors avec son index qu’elle était complètement folle, l’air faussement sérieux puis ajouta, convaincu. Très convaincu même. « Je suis plus sexy que Clive Owen alors s’il te plait. »

Sebastian lui tira la langue puis s’approcha de l’étui de son violon en écoutant Valentine lui raconter son après midi. Ces remarques pouvaient parfois être blessantes pour certain mais Sebastian les avaient toujours prises avec amusement et la voir s’acharné sur lui, le rendait joyeux pour le reste de la journée. Il observa ses gestes avec la plus grande précision et lorsqu’elle leva la main, un geste de recul fut instinctif. Le jeune italien la laissa cependant faire, si ça pouvait l’amuser.

« Rassure toi, je n’ai fais que des folies de ma carte bleu. » Il attrapa ensuite son violon puis son archer et recula vers Valentine, surpris qu’elle ait de pareille pensée. « Tu est une perverse Valentine ! J’y crois pas … » Il aurait voulu se taper le front avec la paume de sa main mais étant encombré par son instrument, il ne fronça que des sourcils. « J’ai couru. Rhô. Parce que j’étais en retard. Comme d’habitude. »

Bien entendu, Valentine plaisantait de A à Z quand elle s’adressait à lui. En rien elle ne cherchait à le froisser, ou encore le blesser… Mais il n’était pas sans savoir qu’elle avait un humour bien à elle et que son franc parler pouvait parfois heurter inconsciemment certaines personnes, sans qu’elle ne le veuille. Elle appréciait Adrian, sa compagnie, son amitié, et ses cours particuliers… Si jamais, elle allait trop loin dans ses paroles, elle ne prendrait pas mal ses réprimandes à ce sujet. En revanche, si cela venait à être dit d’une autre bouche que la sienne, il n’était pas certain qu’elle reste définitivement calme. Plutôt impulsive comme fille, elle avait un caractère explosif, il fallait la prendre avec des pincettes, mais beaucoup l’avaient compris.

« Clive Owen ? Répéta t’elle machinalement à la suite du jeune homme. Hum m’ouais… On va dire que je t’approuve pour cette fois, et uniquement cette fois-ci ! S’empressa t’elle d’ajouter ensuite. Il n’avait pas choisi le meilleur exemple de célébrité… Clive Owen ne faisait pas parti de son top trois. »

Elle imita les gestes du jeune Italien et reprit possession de son violon, posant le bout de celui-ci sur ses genoux, l’archet dans l’autre main. Même si le ton était à la plaisanterie la plus part du temps entre eux, elle appréciait réellement le fait qu’il lui accorde un peu de son temps pour l’aider à s’améliorer dans cette difficile discipline. Il était un professeur amusant et instructif, peut-être plus que le leur.

« Oh hey, ça va hein… Je suis pas une perverse d’abord. C’était une boutade au cas où ton cerveau ramolli ne l’aurait pas compris. Lui répondit-elle avec mauvaise foi, gardant tout de même son fin sourire pour lui démontrer qu’elle n’était pas plus sérieuse que lui. Parce que tu étais en retard ? Faudrait savoir Bambino… Soit tu as quelques minutes d’avance, soit tu es en retard. Mais pas les deux. Conclut-elle d’une voix amusée avant de secouer la tête de droite à gauche. »

Glissant alors ses doigts fins sur les cordes de son instrument, Valentine soupira doucement de bien-être. A l’aide de son archet, elle caressa de nouveau les cordes, une courte et douce mélodie s’en émanant alors. Relevant la tête vers Sebastian, elle lui adressa un petit clin d’œil complice avant d’ajouter :

« Bon… Plus sérieusement. Nous sommes ici pour jouer de nos instruments. Donc si monsieur le professeur veut bien se donner la peine de commencer sa leçon… Elle lui lança une vilaine petite grimace avant de se laisser glisser vers le sol. Une fois que ses pieds entrèrent en contact avec celui-ci, elle se releva et observa fixement Sebastian. Je ne te paie pas à rien faire. Enfin non… Je ne te paie pas tout court. Mais je pense qu’en ce vendredi, tu as d’autres choses à faire que de rester ici avec moi. N’est-ce pas ? Alors commençons, si tu le veux bien. Parlant toujours d’une manière plus ou moins théâtrale, son ton avait pris une légère teinte solennelle. »

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Sebastian parut outré en voyant un air peu convaincu sur le visage de Valentine. Il faut dire que le nom de Clive Owen était celui qui lui était venu le plus vite à l’esprit mais n’était peut être pas le meilleurs choix. Le jeune italien toussota en posant ses yeux chocolat dans ceux de Valentine.

« Tu n’a pas l’air très convaincu. » Souffla t-il de façon désespéré en baissant les yeux. Il les releva avec un sourire taquin accroché aux lèvres. « J’aurais pu très bien dire Brad Pitt hein… » C’était peut être mieux que Clive Owen. Quoi qu’il en soit, il était certainement plus sexy que tous les mâles d’Hollywood réunis.

Elle prit ensuite son violon après que Sebastian ait prit le sien. Valentine était une élève particulièrement doué et il ne doutait pas que d’ici quelques leçon, elle n’aurait plus besoin de lui. Bien que le violon était un instrument difficile à maitrisé – même lui ne le maitrisait pas encore à la perfection – elle avait acquis de très bonne base. Apparemment, Sebastian était bon professeur. Tant de violon que d’italien.

« Il est sans doute moins ramolli que le tiens. » ajouta –il sur le ton de la plaisanterie, avant de refrogner une moue boudeuse, comme un gamin qu’on venait de punir. « Arrête de m’appelé comme ça. Sinon … » Il s’approcha de Valentine, posant son regard dans le siens. « Sinon tu devra subir ma colère. » Lâcha t-il prenant un air faussement mauvais.

Il la regarda caressé à l’aide de son archet les cordes de son violon, une douce mélodie s’en échappa immédiatement. C’est pour cette fine mélodie qu’il avait voulu jouer du violon et non d’un autre. Et heureusement, peu de jeune de l’ISP jouait aussi bien du violon que lui-même si Sebastian se voulait modeste.

« Oui oui. » S’empressa t-il de répondre, avant de poser son violon et de s’échauffé les poignets. Sebastian fronça alors des sourcils, en regardant Valentine. « Qu’es que je t’ai dit la dernière fois ?! Les poignets Valentine. Les poignets ! » Non pas qu’il donnait l’air énervé mais plutôt sévère. Après tout, c’était lui le professeur.

Une fois qu’il eut échauffé ses poignets correctement, il reprit son violon et son archet.

« Bon montre moi ce qu’on a fait la dernière fois, s’il te plait. »

Oh mais Clive Owen n’avait rien de repoussant. C’était un homme parfaitement charmant ! Toute jeune femme normalement constituée ne pourrait lui dire non… Néanmoins, s’il fallait choisir, il y avait bon nombre d’acteurs nettement plus charmants que lui. Dans le fond, elle ne pouvait pas en vouloir à Sebastian… C’était un garçon, ses connaissances dans ce domaine devaient être faibles, à moins qu’il ait viré de bord, mais aux dernières nouvelles le sexe opposé demeurait à son goût.

« Brad Pitt ? Oui… Tu relèves le niveau là. Répondit-elle simplement avec le sourire. Si c’est ce que tu veux entendre, tu es bien plus sexy que lui… Cependant je préfère George Clooney ! Et là, tu ne parviendras jamais à me faire dire qu’il est moins bien que toi. Ah non, il ne fallait pas toucher à Georgy chéri… Surtout pas. What else ? »

Sa passion pour le violon était encore novice… Mais elle était presque aussi grande que son amour du piano. Ses connaissances restaient encore limitées mais elle apprenait extrêmement vite, et ses cours particuliers avec Sebastian ne pouvait que la guider vers l’avant. Certes, bientôt, elle n’aurait plus besoin de lui. Mais pourrait-elle s’y résoudre ? Peut-être pas… Arrivera le moment où le jeune homme ne sera plus en mesure de lui apprendre de nouvelles choses. Elle connaissait les bases et quelques mélodies, elle n’était pas une débutante… Il ne pouvait pas indéfiniment rester son professeur. Cependant, la jeune Hollandaise avait plus d’un tour dans son sac. Par la suite, elle pourrait tout aussi bien se rabattre sur l’italien, dont elle ignorait tout de A à Z… Dans ce cas là, un professeur attitré et personnel lui serait vivement nécessaire. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour passer un peu de temps avec ses amis ?

Fronçant les sourcils pour se donner un air féroce, Valentine plongea son regard vairon dans celui sombre du jeune homme qui lui faisait face. Ils devaient avoir l’air de deux idiots mais avec lui, elle avait l’impression de retomber en enfance parfois. Le surnom de Bambino lui allait à ravir, il n’avait pas le droit de se plaindre.

« Même pas peur d’abord… Rétorqua t’elle d’une voix qui se voulait masculine. »

Non, Sebastian ne l’effrayait pas. Pour la simple et bonne raison qu’elle le savait doux comme un agneau… Avec une haute maîtrise du karaté comme elle avait, elle ne craignait personne pour dire la vérité… Même si certaines personnes étaient capables de lui mettre une raclée. Mais s’il s’agissait d’Adrian face à elle et réellement en colère, il était évident qu’elle reverrait à deux fois ses propos.

« Ah oui les poignets, milles excuses… J’avais oublié. Lui cracha t’elle au visage avant de mimer une envie de vomir avec son index au milieu de sa bouche ouverte. Pardon pour cet oubli monsieur le professeur. »

Bon d’accord, il l’aidait à s’améliorer, mais il n’avait pas besoin de s’exclamer de la sorte… Elle avait été à deux doigts de lâcher son violon et si celui-ci avait fini sa course au sol, elle ne donnait pas cher de la peau de ce charmant italien. Par où commencer ? Le démembrer ? Lui arracher les yeux de la tête ?
Elle déposa son instrument aux côtés de Sebastian et imita ses gestes, s’échauffant donc les poignets comme monsieur l’avait demandé.

« Bien. Lança t’elle pour elle-même avant de reprendre possession de son bien. »

Coinçant le bout de son violon sous son menton et tenant son autre extrémité dans sa main, Valentine ferma lentement les yeux pour se concentrer. Elle devait avant tout extérioriser le stress emmagasiné de la journée, et vider son esprit, pour ne faire qu’un avec la musique… Après quelques secondes, elle se mit à jouer une douce mélodie entraînante d’un certain Bach. La même que Sebastian lui avait enseignée lors de leur dernière entrevue.

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George Clooney ? Elle venait bien de dire George Clooney ? Sebastian n’en croyait pas ses oreilles. Il avait tellement horreur de cet acteur que voir simplement son visage sur une affiche l’énervait au plus au point. Pourquoi ? Parce qu’il était tout bêtement élu célibataire le plus convoité d’Hollywood. Un brin de jalousie sans doute.

« Ah oui. Le gars qui joue dans Ocean machin ! » Lâcha t-il sans vraiment y mettre une conviction particulière. Sebastian haussa des épaules et rétorqua sur un ton amusé tous en posant son regard sur Valentine « Oh mais je m’en fiche tu sais. Je préfère les filles alors tu peux le garder. »

Le regard de Valentine l’avait toujours déstabilisé. Des pupilles de différentes couleurs, c’était tout bonnement anormal et bien qu’il la côtoyait déjà depuis pas mal de temps, le jeune Visconti ne s’y était toujours pas habitué. Lorsqu’elle posa ses yeux délicats sur lui, un frisson parcouru ses membres pour se terminer dans le creux de ses reins. Reprenant un peu de prestance, Sebastian lui adressa un fin sourire. C’est vrai que le jeune italien était loin d’être un garçon méchant. Il n’était même pas sur lui-même de pouvoir faire du mal à une mouche.

« Tu devrais. Tu ne connais pas encore mon coté dictateur et diabolique. » Lança t-il avec affirmation. Puis il lui tira la langue en s’empressant d’ajouter. « Comme Adrian quoi ! »

Bien qu’il exagérait ses dires, son frangin avec quelques choses de malsain qui le répugnait mais l’amour d’un jumeau pour son jumeau était bien plus fort que le reste.

Sebastian secoua la tête négativement puis souffla, désespéré par l’attitude de Valentine. Monsieur le professeur ? Erk, il préférait largement oublier qu’il en était un pour se placer juste en élève face à une élève. Il n’était pas un pro après tout, juste un élève qui en aidait un autre.

Il acquiesça de la tête en la regardant s’échauffer les poignets puis elle exécuta ce qu’il lui avait demandé. Une mélodie de Bach. L’une des préférés de Sebastian d’ailleurs. Il écouta attentivement chacune de ses notes, essayant de repérer chaque mauvais pas. Malheureusement, Valentine n’en commit aucun. C’était parfait. Tout bonnement parfait.

« Tu t’améliore. C’est bien. » Affirma Sebastian. Il reprit son violon dans l’une de ses mains, son archer dans l’autre. « On va passer à un autre mouvement. »

Positionnant correctement son violon, Sebastian se mit à jouer un morceau de classique contenant le dit mouvement avec une aisance surprenante. Bercé par chacun des sons qui s’échappaient dans l’air, le jeune italien avait fermé les yeux. Il les ouvrit de nouveau sur Valentine, un doux sourire accroché aux lèvres.

« Tu as vu ? Ou je te le remontre une autre fois ? » Demanda t-il en baissant son violon.

Face à la mauvaise foi de Sebastian, Valentine ne pût que sourire d’avantage. Les garçons étaient tous les mêmes dans le fond… Toutes les filles craquaient forcément pour une célébrité masculine bien précise, et dans son cas, il s’agissait de George Clooney. Il vieillissait bien dans l’ensemble, du moins à son goût. Le jeune homme ne pouvait pas lui reprocher grand-chose, peut-être son jeu d’acteur à la limite… Mais il était évident que se serait bien plus un prétexte qu’autre chose.

« Très bien. Je le garde pour moi… De toute manière, je ne comptais pas le partager. Lui répondit-elle d’une voix gamine, à deux doigts de rajouter le légendaire ‘nananananère-euh.’ »

Si ses yeux perturbaient notre cher ami, il y avait aussi quelque chose qui la déstabilisait chez lui. Son impressionnante ressemblance avec son frère jumeau la laissait perplexe, si bien qu’il pouvait lui arriver, à certains moments, d’avoir de légers moments d’absence. Comme si elle réfléchissait dans un autre monde et remettait ensuite les pieds sur Terre comme si de rien n’était. Ils avaient donc tout deux une bonne excuse pour être plus moins troublés l’un et l’autre. Il fallait aussi avouer que ses mensonges perpétuels la mettaient dans l’embarras mais elle était contrainte de s’y accommoder.

« Pas encore ? Je suis impatiente de le connaître alors ! Dit-elle avec entrain. Lorsqu’il lui tira la langue, elle voulut répondre du tac o tac en affirmant que sa langue était hideuse mais il prononça le nom d’Adrian, ce qui la calma aussitôt. Elle se contenta donc d’un bref sourire amusé comme si elle approuvait ses paroles. »

Continuant de jouer, Valentine était comme… entrée en transe. Lorsqu’elle composait des musiques aussi bien au piano qu’au violon, elle puisait une certaine énergie enfouie en elle pour se concentrer et maîtriser à la perfection son instrument. Et puis, elle ne voulait surtout pas décevoir Sebastian. Que dirait-il de son labeur si elle n’avait pas un temps soi peu travaillé ce qu’il lui avait enseigné dernièrement ? Elle n’était pas restée les bras croisés… La musique faisait partie intégrante de sa vie, elle ne pouvait pas s’en passer et le jeune homme l’aidait à vivre de sa passion.
Lorsque son violon émit la dernière note de la mesure, la jeune femme ouvrit de nouveau les yeux et observa avec attention la réaction de Sebastian. D’après lui, elle s’améliorait… Etait-ce suffisant ?

« Tu as trouvé mon morceau médiocre, c’est ça ? Lui demanda t’elle d’une voix déçue. Sans doute avait-elle mal compris le ‘tu t’améliores’… D’après elle, cela voulait dire qu’il y avait une évolution, mais ce n’était pas encore ça. »

Par la suite, Sebastian entreprit de lui apprendre un nouveau mouvement. Elève studieuse et à l’écoute de son professeur, elle abaissa son violon et l’écouta jouer avec une facilité qu’elle cherchait tant à obtenir… Ses iris pétillants le fixaient avec admiration et bonheur. Mais la mélodie fût brève et bientôt il s’interrompit.

« J’ai bien compris mais recommence s’il te plaît… Pour le plaisir de mes oreilles. »

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